57ème palmarès – Prix du Syndicat professionnel de la critique Théâtre, Musique et Danse Depuis 1963, les Prix du Syndicat de la Critique saluent chaque année les spectacles et les personnalités artistiques, que ce soit en théâtre, en musique ou en danse, qui ont marqué la saison. Une saison qui s’est brutalement arrêtée en mars en raison de la covid-19. Le syndicat a décidé de maintenir ses prix pour affirmer son soutien au spectacle vivant, particulièrement impacté par une crise sanitaire dont les répercussions sociales et économiques se font déjà sentir. Portés par un élan solidaire, de très nombreux adhérents ont témoigné cette année par leur vote de l’importance de la création, de l’engagement des artistes pour partager avec le public le désir d’un monde poétique. Riche de toutes ces voix passionnées et singulières, le 59ème palmarès reflète une belle diversité, un art florissant sous toutes ses formes esthétiques. En attribuant à Clément Hervieu-Léger, le Grand Prix Théâtre, la critique salue le travail d’un artiste délicat, exigeant. L’ensemble du palmarès Théâtre révèle de belles nuances anticipatrices et politiques d’une société féministe non genrée et plus égalitaire. Ainsi, deux metteuses en scène sont primées, l’une pour son adaptation poétique de Maeterlinck (Julie Duclos pour Pelléas et Mélisande); l’autre pour son footbalistiquement féministe (Pauline Bureau pour “Féminines”). L’interprétation par André Macron d’une femme comme les autres lui vaut le prix du Meilleur comédien. Ludmilla Dabo, actrice protéiforme qui joue, danse et chante avec une fougue contagieuse obtient le prix de la Meilleure comédienne. Prime à la jeunesse avec Romain Daroles qui réinvente Phèdre en un seul en scène décapant et Aurore Fremont, la figure d’Électre dans la fresque féministe de Simon Abkarian. Une mention spéciale est attribuée à l’ovniesque et transgenre Hen de Johanny Bert. Enfin, le Prix du meilleur Spectacle étranger revient à l’artiste russe Kirill Serebrennikov, pour son très « queer » Outside à qui le Syndicat affirme son entière solidarité face aux intimidations et autres mesures d’assignation dont il est victime dans son pays. En décernant le Grand Prix Danse à deux œuvres au langage chorégraphique très différents, Body and Soul de Crystal Pite et Une Maison de Christian Rizzo, le collège Danse tient ici à saluer l’éclectisme d’une discipline en pleine mutation. Soucieux du monde qui nous entoure, de la société dans laquelle on vit, les critiques ont tenu cette année à distinguer des artistes très différents, ainsi qu’à créer de nouveaux prix afin de témoigner de ce qu’est la danse aujourd’hui. Face à face, dos à dos, Akram Khan et Lia Rodrigues se partagent le prix de la personnalité de l’année. Leur engagement, l’un sur le devoir de mémoire, l’autre sur le drame qui se joue dans les Favelas brésiliennes, illustrent combien l’art chorégraphique est sensible aux bruissements du monde. En inaugurant le prix de la Performance avec Phia Ménard, le collège danse tenait à dépasser les préjugés, à lutter contre toutes les formes de discrimination. Il en est de même en consacrant le documentaire Danser sa peine ! de Valérie Muller, qui revient sur l’incroyable création de Soul Kitchen d’Angelin Preljocaj avec des détenues de la prison des Baumettes. Enfin, en offrant, au jeune chorégraphe taïwanais Po-Cheng Tsai et à la lumineuse Cristiana Morganti respectivement révélation et artiste de l’année, le collège danse consacre esthétisme, renouveau et présence scénique prégnante et irradiante. Le collège musique quant à lui salue l’opéra de Cavalli, Ercole Amante, totalement revisité par le duo Valérie Lesort et Christian Hecq. Définitivement baroque, l’œuvre révèle toute sa puissance grâce à une mise en scène kitsch et fantasmagorique et une direction musicale au cordeau signée Raphaël Pichon. Soucieux d’un équilibre entre art lyrique et musique contemporaine, les critiques ont souhaité aussi mettre en lumière le jeune talent Florentin Ginot, contrebassiste prodigue, le concerto pour piano du célèbre compositeur polonais Zygmunt Krause ainsi que la voix extraordinaire du ténor Benjamin Bernheim et la dextérité audacieuse de Léo Warynski, chef d’orchestre hors pair. Par ailleurs, le Démon d’Anton Rubinstein remis au goût du jour par l’épatant Dmitry Bertman touche au sublime et remporte le prix du meilleur spectacle créé en province et l’étonnant Jacob Lenz de Wolfgang Rihm qui invite à une descente aux enfers hypnotique, la meilleure coproduction lyrique européenne. Faute de pouvoir célébrer tous ensemble ce palmarès, retrouvez toute la semaine sur le site du syndicat les mots des lauréats. Le palmarès En Théâtre GRAND PRIX (Meilleur spectacle théâtral de l’année) UNE DES DERNIÈRES SOIRÉES DE CARNAVAL, de Carlo Goldoni, mise en scène de Clément Hervieu-Léger (Théâtre de Carouge, Théâtre des Bouffes du Nord) PRIX GEORGES-LERMINIER (Meilleur spectacle théâtral créé en province) PELLÉAS ET MELISANDE, de Maurice Maeterlinck, mise en scène de Julie Duclos (La FabricA – Festival d’Avignon) MEILLEURE CREATION D’UNE PIECE EN LANGUE FRANCAISE FEMININES, de Pauline Bureau (Comédie de Caen) MEILLEUR SPECTACLE ETRANGER OUTSIDE, de Kirill Serebrennikov (L’Autre Scène du Grand Avignon, Vedène, Festival d’Avignon) PRIX LAURENT-TERZIEFF (Meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé) ROUGE, de John Logan, mise en scène de Jérémie Lippmann (Théâtre Montparnasse) MEILLEURE COMEDIENNE LUDMILLA DABO dans Une femme se déplace, de et mis en scène par David Lescot (Théâtre des 13 vents, Printemps des Comédiens) MEILLEUR COMEDIEN ANDRE MARCON, Anne-Marie la Beauté de et mis en scène par Yasmina Reza (La Colline – Théâtre national) PRIX JEAN-JACQUES-LERRANT (Révélation théâtrale de l’année) ex æquo AURORE FREMONT dans Électre des bas-fonds, de et mis en scène par Simon Abkarian (Théâtre du Soleil) ROMAIN DAROLES dans Phèdre ! de et mis en scène par François Gremaud d’après Racine (Théâtre de Vidy-Lausanne-Festival d’Avignon-Sélection Suisse) MEILLEURE CREATION D’ELEMENTS SCENIQUES STÉPHANE BRAUNSCHWEIG, scénographie de Nous pour un moment, d’Arne Lygre, mis en scène par Stéphane Braunschweig (Odéon – Théâtre de l’Europe) MEILLEUR COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE SCENE HOWLIN’JAWS, pour Électre des bas-fonds, de et mis en scène par Simon Abkarian (Théâtre du Soleil) MEILLEUR LIVRE SUR LE THEATRE JEAN-PIERRE HAN, 30 éditos+1, (Frictions, Théâtre-Écritures, numéro hors-série) MENTION SPECIALE HEN, de et mis en scène par Johanny Bert (Théâtre du Train Bleu, Festival OFF d’Avignon) En Danse GRAND PRIX ex æquo BODY AND SOUL, chorégraphie de Crystal Pite (Ballet de l’Opéra national de Paris) UNE MAISON, chorégraphie de Christian Rizzo, (ICC-CCN Montpellier, Montpellier Danse, Théâtre de la Ville hors les murs/Chaillot-Théâtre national de la danse) MEILLEUR INTERPRETE CRISTIANA MORGANTI, Moving with Pina, Théâtre de la Ville/ Théâtre des Abbesses. MEILLEURE COMPAGNIE BALLET DE L’OPÉRA DE LYON. PERSONNALITES CHOREGRAPHIQUES ex æquo AKRAM KHAN et LIA RODRIGUES MEILLEUR FILM SUR LA DANSE DANSER SA PEINE, de Valérie Muller (Production Béatrice Schönberg, ELEPHANT productions) MEILLEUR LIVRE SUR LA DANSE REGARDEZ LA DANSE ! de Philippe Verrièle (Nouvelles Éditions Scala, 2019) PERFORMANCE PHIA MÉNARD REVELATION CHOREGRAPHIQUE PO-CHENG TSAI, chorégraphe de la compagnie B.Dance. En Musique GRAND PRIX (Meilleur spectacle lyrique de l’année) ERCOLE AMANTE, de Francesco Cavalli, mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq, direction musicale de Raphael Pichon, Choeur et Orchestre Pygmalion (Coproduction Opéra-Comique, Opéra de Versailles-Spectacle et Opéra national de Bordeaux) PRIX CLAUDE-ROSTAND (Meilleur spectacle lyrique créé en province) LE DÉMON, d’Anton Rubinstein, mis en scène par Dmitry Bertman, direction musicale de Paul Daniel (Coproduction Opéra national de Bordeaux, Théâtre Liceu de Barcelone, Helikon-Opéra de Moscou, Staatstheater de Nuremberg) MEILLEURE COPRODUCTION LYRIQUE EUROPEENNE JACOB LENZ, de Wolfgang Rihm, mis en scène par Andrea Breth, direction musicale d’Ingo Metzmacher, Ensemble Modern (Coproduction Festival d’Aix, Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, Staatsoper de Berlin) MEILLEURE CREATION MUSICALE CONCERTO POUR PIANO N°3 « FRAGMENTS DE MÉMOIRE », de Zygmunt Krauze, direction musicale de Wilson Hermanto, Zygmunt Krauze, piano (Festival d’Automne de Varsovie et Orchestre national de Metz) PERSONNALITE MUSICALE DE L’ANNEE ex æquo BENJAMIN BERNHEIM, ténor LÉO WARYNSKI, chef d’orchestre REVELATION MUSICALE DE L’ANNEE FLORENTIN GINOT, contrebassiste MEILLEURS LIVRES SUR LA MUSIQUE L’OPÉRA DE PARIS, 350 ANS D’HISTOIRE, par Mathias Auclair (Éditions Gourcuff Gradenigo) CONVERSATIONS AVEC GUENNADI ROJDESTVENSKY, LES BÉMOLS DE STALINE, par Bruno Monsaingeon (Éditions Fayard)