Disparition de Michel Sénéchal

Avec la mort de Michel Sénéchal, c’est tout un art spécifique, celui d’une certaine approche du chant français toute de probité et de sincérité, qui semble disparaître. C’est au Festival d’Aix-en-Provence à l’été 1956 que Michel Sénéchal (1927/2018) est révélé au grand public avec son interprétation grandiose de la grenouille Platée dans l’opéra éponyme de Jean-Philippe Rameau, ouvrage alors totalement oublié et ressuscité par les soins de Gabriel Dussurget, directeur du Festival. Ce rôle fétiche deviendra pour Michel Sénéchal son cheval de bataille, à l’Opéra-Comique notamment 20 ans plus tard. Ténor de grâce à l’aigu facile et à la diction parfaite, au timbre reconnaissable entre tous, Michel Sénéchal, après des études au conservatoire de Paris sous la direction de Gabriel Paulet qu’il révérait, débute en 1950 à la Monnaie de Bruxelles en abordant déjà dans le répertoire mozartien (Pedrillo de l’Enlèvement au Sérail de Mozart) et français comme La Dame Blanche de Boieldieu ou Le Comte Ory où il fait merveille. Il remporte en 1952 le premier prix du prestigieux concours de Genève. Il paraît à l’Opéra de Paris à partir de 1958, à l’Opéra-Comique et sur toutes les scènes françaises, mais aussi au Festival de Salzbourg invité par Herbert Von Karajan. A partir des années 70, sur les conseils de Rolf Lieberman, il se dirige plus spécifiquement vers les empois de caractère, où sa faconde irrésistible et son sens inné de la scène le distingue : Basile des Noces de Figaro (Mozart), les 4 valets des Contes d’Hoffmann (Offenbach), l’innocent de Boris Godounov (Moussorgski), Triquet d’Eugène Onéguine (Tchaïkovski), plus tard Ménélas de la Belle Hélène (Offenbach) au Théâtre du Chatelet. Il assure par ailleurs plusieurs créations d’ouvrages lyriques contemporains, dont Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen en 1983 (Frère Elie) ou Montségur de Marcel Landowski en 1985 (Fabien). A partir de 1982 et durant plus de 20 ans, il paraît chaque année au Metropolitan Opéra de New-York et enseigne dans les universités américaines. Durant les années 90, Il sera directeur de l’école de chant de l’Opéra de Paris. Michel Sénéchal s’est retiré des scènes en 2004 après un dernier aumonier de Dialogues des Carmélites (Poulenc) à l’Opéra de Paris. Outre Platée, il a beaucoup enregistré son répertoire, mais aussi la mélodie française qu’il affectionnait particulièrement notamment celle de Francis Poulenc.

 

José Pons

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