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L’avenir du Centre dramatique national d’Orléans est-il compromis ?

Dans un communiqué de presse, les salariés du CDN d’Orléans font part de leur inquiétude quant à l’avenir de cette institution suite au départ de leur directrice, Séverine Chavrier, récemment nommée à la tête de la Comédie de Genève.

Une réunion du comité de suivi, rassemblant l’ensemble des tutelles, s’est tenue le 12 janvier 2023 : aucune réponse n’a été apportée aux salariés concernant un quelconque calendrier prévisionnel du recrutement du futur directeur ou de la future directrice du lieu. Cette demande était d’autant plus légitime que le 19 décembre dernier, le cabinet de Madame la Préfète de la Région Centre-Val de Loire annonçait dans un communiqué qu’« une réflexion de tous les partenaires financiers était en cours concernant cette grande maison du spectacle vivant », sans pour autant donner plus de détails quant aux différentes pistes envisagées. À ce jour, aucun appel à candidatures n’a été diffusé ni aucun processus de succession engagé.

Face au silence des tutelles, devant la crainte légitime des salariés du CDN, le syndicat de la Critique dénonce le risque de voir disparaître une structure, un label de cette envergure, dont l’une des missions est de soutenir la création, et qui à terme pourrait être dommageable pour tout le secteur, déjà fragilisé par les crises sanitaire et énergétique.

Le Syndicat de la critique apporte tout son soutien aux salariés du CDN et affirme la nécessité d’un tel outil dont les missions, de création, de transmission, de recherche et de diffusion sont vitales à Orléans, comme partout sur l’ensemble du territoire.


Texte cosigné par Olivier Frégaville-Gratian d'Amore, président et Marie-José Sirach, vice-présidente théâtre du Syndicat de la critique

Journaliste, fondateur du Quotidien de Paris, il a écrit dans Combat. Polémiste d’envergure, certains de ses propos choc et cash suscitaient la polémique. Il était un passionné de théâtre.

Philippe Tesson est né en 1928 à Wassigny, dans l’Aisne. Il sera marqué par la guerre. Son père est prisonnier des Allemands et la maison familiale réquisitionnée par l’occupant. Il monte à Paris pour suivre des études d’histoire et de philosophie mais, très vite, il se tourne vers le journalisme. A trente ans, il devient le rédacteur en chef de Combat, poste qu’il occupera jusqu’en 1974. Lorsqu’il quitte la rédaction de ce titre historique, il emmène dans son sillage une bonne partie de la rédaction qui le suit au Quotidien de Paris qu’il fonde cette même année. Eric Emptaz, Bernard Chapuis ou Jean-Dominique Bauby font partie de cette jeune rédaction. Le Quotidien devient une entreprise de presse florissante, qui édite le Quotidien du médecin et le Quotidien du pharmacien. L’aventure va durer vingt ans. Philippe Tesson ne s’en tient pas là. Il est aussi directeur des Nouvelles littéraires (du 1975 à 1983). 

C’était un journaliste “old school”, un type de droite qui s’assumait parfaitement, avec l’allure d’un dandy façon « hussards », à la plume affûtée. Il n’hésitait pas à jouer de la provocation, quitte à se faire des ennemis. Ses apparitions télévisuelles et ses propos polémiques ne laissaient personne indifférent. Il aimait ça, mordre le trait jusqu’à l'outrance. Ses saillies alimentaient débats et controverses. La télévision, qui raffolait de son côté provocateur, voire réac, a participé à sa popularité. De 1994 à 2012, il apparaît dans de nombreuses émissions. On a pu le voir le voit Ah ! Quels titres sur France 3, Rive droite/ Rive gauche sur Paris première, Esprits libres sur France 2, ça balance à Paris sur Paris Première et dans Une Comédie française sur France 24. Juste après les attentats de Charlie en janvier 2015, ses propos sur les musulmans ont suscité l’indignation générale. S’exprimant sur Europe 1, il avait déclaré : “ le problème actuellement, c'est les musulmans qui mettent en cause la laïcité. C'est pas les musulmans qui amènent la merde en France aujourd'hui ? Il faut le dire, quoi! ”. Visé par une plainte, il tentera de s’expliquer quelques jours plus tard, dans le Parisien : « Lorsque j'évoque les musulmans, je ne parle pas de l'ensemble de la communauté musulmane, j'utilise un terme générique, et je pense que tout le monde a compris. (…) Je comprends que cela ait pu en blesser certains, je le regrette mais j'ai toujours dit les choses de manière très crue ». Philippe Tesson s’était pris pour Voltaire. Mal lui en prit cette fois-là. 

On ne peut l’évoquer sans parler de son immense passion pour le théâtre. Il fût un grand critique, intervenant au Masque et la plume, au Canard enchaîné, au Figaro ou au Point. En 2001, il rachète les éditions de l’Avant-scène, qui publient des pièces de théâtre et, en 2010, le Poche-Montparnasse. Il en confie les rênes à sa fille Stéphanie, sœur cadette de l’écrivain Sylvain Tesson. Elle fait, de ce petit théâtre, une des salles les plus intéressantes des théâtres privés parisiens. Il était membre du Syndicat de la critique dramatique. Il y a peu encore, on pouvait le croiser au théâtre. C’était un homme de talent, cultivé. Il a pu agacer, et même irriter, mais on ne pouvait pas le détester.  

Marie-José Sirach, journaliste à l'Humanité, vice-présidente Théâtre du Syndicat de la critique

On lui doit de nombreux essais sur les aspects multiples de cet art, dont il a été, sur un demi-siècle, une grande mémoire.
Georges Banu est mort à Paris le 21 janvier. Les éditions Actes-Sud, où il dirigeait depuis de nombreuses années la collection « Le Temps du théâtre » ont annoncé la nouvelle. Universitaire (la Sorbonne Nouvelle) spécialiste du théâtre, à ce titre auteur de nombreux ouvrages de réflexion, Georges Banu, né à Buzäu en Roumanie le 22 juin 1943, arrivait en France en 1971. Antoine Vitez, dès qu’il fut à Chaillot, lui confia des responsabilités dans le journal de la maison. En 1991, Banu justement, avec Danièle Sallenave, se chargeait de la publication d’une forte anthologie de textes d’Antoine Vitez, le Théâtre des idées (Gallimard).
Codirecteur de la revue Alternatives théâtrales éditée à Bruxelles, Georges Banu a occupé des postes importants dans la critique dramatique à l’échelle internationale. On lui doit maintes études sur son art de prédilection et alentour, dont ce très bel essai sur le théâtre nô japonais, L’acteur qui ne revient pas (Gallimard) et tant d’autres encore, notamment, sur le théâtre à l’italienne, le Rouge et or (Flammarion Rizzoli) et, en trois trilogies, le Rideau, l’Homme de dos, Nocturnes (Adam Biro) puis plus tard, aux Solitaires Intempestifs, il y eut l’Oubli, le Repos, la Nuit. Il a aussi écrit sur Tchekhov, Notre théâtre, la Cerisaie (Actes Sud) et Shakespeare et le monde (Gallimard). Son dernier livre paru, les Objets blessés (Cohen & Cohen) portait sur ce qui, dans le petit théâtre de son domicile, portait les stigmates des blessures du temps. Françoise Nyssen, directrice d’Actes Sud, définit Georges Banu, à raison comme « l’une des grandes mémoires du théâtre ». Il a côtoyé et commenté les figures essentielles de celui de son époque, de Strehler à Ariane Mnouchkine, en passant par Grotowski, Brook et Kantor, sans oublier ceux comme lui nés en Roumanie, Andrei Serban et Lucian Pintilié. Le prix du syndicat de la critique fut décerné à trois reprises à ce fin connaisseur des subtilités de l’art théâtral à la curiosité insatiable et à la plume vive.

Article de Jean-Pierre Léonardini, critique dramatique
publié le dimanche 22 janvier 2023 dans humanite.fr

Georges Banu aux 150 ans du Syndicat de la critique le 17 oct. 2022 au Théâtre de la Ville - Espace Cardin. Photo Jean Couturier

Considéré comme l’une des plus grandes mémoires du théâtre contemporain, Georges Banu était un personnage historique du syndicat. En octobre dernier, l’auteur, le critique l’essayiste était parmi nous pour fêter nos 150 ans. Sur la scène du théâtre de la Ville, à coté de Jean-Pierre Han et d’autres membres éminents de l’AICT, il évoquait avec passion son métier, son goût de l’art dramatique, le théâtre au-delà des frontières. À  sa manière, il attirait la lumière, et avec verve, il a su attirer l’attention de la salle par une intervention riche et captivante. Aujourd’hui, l’ensemble du comité et les adhérents du syndicat lui rendent hommage. 

Georges Banu aux 150 ans du Syndicat de la critique
le 17 oct. 2022 au Théâtre de la Ville - Espace Cardin. Photo Jean Couturier

Lundi 17 octobre 2022 de 9h30 à 18h00 au Théâtre de la Ville – Espace Cardin

PROGRAMME :

10h - 10h30 : Mots de bienvenue / Introduction de la journée / Historique du Syndicat

Matin – 2 tables rondes

10h30 - 11h30 : De la critique-monde. Acte 1 - Le regard critique dans différents pays

11h30 - 12h30 : De la critique-monde. Acte 2 - La place de l’Association internationale des critiques de théâtre (AICT).

Après-midi – 2 tables rondes

14h - 15h45 : Vous avez dit « critique » ? Les critiques face à eux-mêmes dans la confrontation de leurs expériences parlent des différentes facettes et difficultés de leur métier.

15h45 - 17h30 : Les critiques vus par les artistes et les directeurs d’institution. Les artistes et les directeurs de salles s’expriment sur la place de la critique dans leurs parcours, sur leurs attentes.

Veuillez confirmer votre présence à : critiquesyndicat@gmail.com

Notre consœur Anne Rodet est décédée subitement à son domicile parisien dimanche 21 mars alors qu’elle s’apprêtait à recevoir sa famille. Rien ne pouvait en effet laisser présager sa disparition tant son enthousiasme, sa jeunesse d’esprit et sa curiosité étaient restés intacts au fil d’une longue vie tout entière vouée aux arts de la scène.

Elle avait fêté l’an dernier ses 90 ans, toujours bienveillante, dotée d’une vitalité sans pareille, à l’écoute autant de ses enfants et petits-enfants que de ses amis. Sa carrière s’est inscrite dans l’histoire de la presse écrite et à été marquée par un engagement constant au nom du spectacle vivant. A Lyon, sa ville natale, elle suit d’abord des études musicales au Conservatoire de la capitale des Gaules, pratique la harpe. Très vite, sa tessiture de soprano léger et son rayonnement attirent l’attention de l’Opéra de Lyon dont elle intègre la troupe. Elle s’illustre dans des rôles comme Siebel ou Chérubin qui conviennent à son tempérament vif-argent mais aussi à l’opérette. A Paris où elle s’installe plus tard, elle va mener une seconde carrière, ouvre un théâtre pour enfants avec la comédienne Marthe Mercadier, puis se lance dans le journalisme avec le désir de mieux faire connaître les artistes. Elle participe ainsi à la rubrique Musique, Danse de « L’information du spectacle » puis crée le journal « Jours nouveaux » qui s’attache non seulement à relater les événements culturels de la capitale mais aussi à valoriser ceux des régions. Elle rencontre Sylvia Monfort qui lui confie le Secrétariat général de son théâtre puis devient son assistante pour la mise en scène de Théodore de Corneille. Toujours au fait de l’actualité, elle sera membre du Syndicat de la Critique, veillera sur les destinées de la Presse Musicale Internationale (Présidente de 2005 à 2006) et sur celles de l’Académie du Disque Lyrique en tant que Trésorière.

Derrière son sourire et cette attention aux autres, Anne prodiguait une leçon de vie et de dynamisme. Son existence ne sera pourtant pas un long fleuve tranquille avec le décès prématuré de son mari, celui plus récent de son fils, et ces derniers temps des accidents de santé dont elle triomphera par sa ténacité et son courage. Elle avait pris un peu de recul mais restait active, assurant des interviews d’artistes pour la revue « Audiens ». On la croisait régulièrement aux générales d’opéras ou aux concerts qu’elle suivait avec une passion inaltérable. Tous ceux qui l’on connue n’oublieront pas sa présence chaleureuse, son hospitalité innée et cette manière incomparable de fédérer toutes les énergies pour le seul amour désintéressé de l’Art.

Michel Le Naour

Hassan El-Geretly, metteur en scène et directeur de la troupe El-Warsha Théâtre, lutte pour la survie

 

Les Oiseaux du Fayoum © Nabil Boutros

Lettre ouverte, transmise par Hassan El-Geretly, metteur en scène et directeur de la troupe El-Warsha Théâtre, au Caire :

À mes collègues artistes et directeurs.trices de théâtre, de France et d’ailleurs,

Depuis trente-cinq ans, El-Warsha ne s’est pas contenté d’être une simple réplique de la culture occidentale, même si celle-ci l’a nourrie dans la seconde moitié du XXème siècle et que, par les grands textes qu’elle s’est appropriés, elle a construit son identité propre. La troupe a travaillé la langue vernaculaire et développé des formes scéniques puisant dans les cultures ancestrales que sont le conte, la Geste Hilalienne, le chant et la variété des formes musicales d’Égypte et du Moyen-Orient, les arts du bâton qu’on trouve déjà représentés dans les tombes de la vallée du Nil, les marionnettes. L’éducation artistique et le travail social développé avec les jeunes, dans les villages de Moyenne-Égypte en partenariat avec les centres culturels locaux et régionaux ainsi que la transmission aux jeunes générations d’artistes, sont aussi au centre de notre action.

Confrontés à une diminution drastique des subsides de la part des centres culturels étrangers, des fondations internationales et des organisations intergouvernementales, ainsi qu’à l’annulation des tournées à l’étranger, notamment en France, nous nous trouvons aujourd’hui au bord du vide. Comment exister sans volonté politique de la part des pouvoirs publics ? C’est tout simplement impossible, vous, en France, êtes bien placés pour le savoir.

Si je lance cette bouteille à la mer pour attirer votre attention sur la situation de la troupe, c’est dans un esprit de solidarité et pour créer une dynamique autour d’un mouvement qui commence à se dessiner dans mon pays, celui des compagnies indépendantes avec toute leur vitalité – nombre de jeunes aujourd’hui s’y risquent – mais qui se trouve tragiquement suspendu dans sa course. Le théâtre en Égypte se doit d’être soit commercial, soit soumis aux pouvoirs publics dans un rapport de dépendance, il n’existe aucun entre-deux. Ce rôle de garde-fou rempli par les pouvoirs publics en France, et qui permet le développement de la création et de l’innovation artistique ainsi que la reconnaissance du travail accompli, est chez nous totalement absent.

Pour que El-Warsha puisse poursuivre sa route, toute collaboration, partenariat et /ou diffusion dans l’un de vos théâtres ou festivals nous serait précieux, même si, compte tenu de la pandémie, j’ai conscience que la situation des institutions théâtrales françaises, a sa part de difficulté. Dans tous les cas, je me réjouirais d’échanger avec vous sur ces sujets car, selon moi, il serait plus dangereux de laisser ces questions dans le silence.

En vous remerciant de votre attention et vous adressant mes salutations distinguées et cordiales.

Hassan El-Geretly / e-mail : hgeretly@hotmail.com

 

Zawaya © Nabil Boutros.

Par Brigitte Rémer : https://www.ubiquité-cultures.fr/el-warsha-theatre-lutte-pour-la-survie/

{Communiqué de presse} Le Secret propose un objet audiovisuel, en deux épisodes, en attendant de retrouver le public en vrai !

Le cabaret parisien Le Secret, à l'univers décalé et poétique - dirigé par Monsieur K. (ancien directeur artistique de chez Madame Arthur) - a une nouvelle fois exprimé sa créativité et son originalité en réalisant un objet audiovisuel des plus étonnants. Conçue en 2 épisodes, Le Secret - l'émission est une expérience artistique tout à fait particulière, loin du simple format de la captation de spectacle. Naviguant entre la satire, la performance et la chanson, il emprunte et évoque les silhouettes des émissions de variétés des grandes heures, tout en réussissant à garder sa signature de cabaret.

Cliquer sur : communiqué de presse LE SECRET l'émission mars 21 (1)