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Georges Banu aux 150 ans du Syndicat de la critique le 17 oct. 2022 au Théâtre de la Ville - Espace Cardin. Photo Jean Couturier

Considéré comme l’une des plus grandes mémoires du théâtre contemporain, Georges Banu était un personnage historique du syndicat. En octobre dernier, l’auteur, le critique l’essayiste était parmi nous pour fêter nos 150 ans. Sur la scène du théâtre de la Ville, à coté de Jean-Pierre Han et d’autres membres éminents de l’AICT, il évoquait avec passion son métier, son goût de l’art dramatique, le théâtre au-delà des frontières. À  sa manière, il attirait la lumière, et avec verve, il a su attirer l’attention de la salle par une intervention riche et captivante. Aujourd’hui, l’ensemble du comité et les adhérents du syndicat lui rendent hommage. 

Georges Banu aux 150 ans du Syndicat de la critique
le 17 oct. 2022 au Théâtre de la Ville - Espace Cardin. Photo Jean Couturier

Lundi 17 octobre 2022 de 9h30 à 18h00 au Théâtre de la Ville – Espace Cardin

PROGRAMME :

10h - 10h30 : Mots de bienvenue / Introduction de la journée / Historique du Syndicat

Matin – 2 tables rondes

10h30 - 11h30 : De la critique-monde. Acte 1 - Le regard critique dans différents pays

11h30 - 12h30 : De la critique-monde. Acte 2 - La place de l’Association internationale des critiques de théâtre (AICT).

Après-midi – 2 tables rondes

14h - 15h45 : Vous avez dit « critique » ? Les critiques face à eux-mêmes dans la confrontation de leurs expériences parlent des différentes facettes et difficultés de leur métier.

15h45 - 17h30 : Les critiques vus par les artistes et les directeurs d’institution. Les artistes et les directeurs de salles s’expriment sur la place de la critique dans leurs parcours, sur leurs attentes.

Veuillez confirmer votre présence à : critiquesyndicat@gmail.com

Notre consœur Anne Rodet est décédée subitement à son domicile parisien dimanche 21 mars alors qu’elle s’apprêtait à recevoir sa famille. Rien ne pouvait en effet laisser présager sa disparition tant son enthousiasme, sa jeunesse d’esprit et sa curiosité étaient restés intacts au fil d’une longue vie tout entière vouée aux arts de la scène.

Elle avait fêté l’an dernier ses 90 ans, toujours bienveillante, dotée d’une vitalité sans pareille, à l’écoute autant de ses enfants et petits-enfants que de ses amis. Sa carrière s’est inscrite dans l’histoire de la presse écrite et à été marquée par un engagement constant au nom du spectacle vivant. A Lyon, sa ville natale, elle suit d’abord des études musicales au Conservatoire de la capitale des Gaules, pratique la harpe. Très vite, sa tessiture de soprano léger et son rayonnement attirent l’attention de l’Opéra de Lyon dont elle intègre la troupe. Elle s’illustre dans des rôles comme Siebel ou Chérubin qui conviennent à son tempérament vif-argent mais aussi à l’opérette. A Paris où elle s’installe plus tard, elle va mener une seconde carrière, ouvre un théâtre pour enfants avec la comédienne Marthe Mercadier, puis se lance dans le journalisme avec le désir de mieux faire connaître les artistes. Elle participe ainsi à la rubrique Musique, Danse de « L’information du spectacle » puis crée le journal « Jours nouveaux » qui s’attache non seulement à relater les événements culturels de la capitale mais aussi à valoriser ceux des régions. Elle rencontre Sylvia Monfort qui lui confie le Secrétariat général de son théâtre puis devient son assistante pour la mise en scène de Théodore de Corneille. Toujours au fait de l’actualité, elle sera membre du Syndicat de la Critique, veillera sur les destinées de la Presse Musicale Internationale (Présidente de 2005 à 2006) et sur celles de l’Académie du Disque Lyrique en tant que Trésorière.

Derrière son sourire et cette attention aux autres, Anne prodiguait une leçon de vie et de dynamisme. Son existence ne sera pourtant pas un long fleuve tranquille avec le décès prématuré de son mari, celui plus récent de son fils, et ces derniers temps des accidents de santé dont elle triomphera par sa ténacité et son courage. Elle avait pris un peu de recul mais restait active, assurant des interviews d’artistes pour la revue « Audiens ». On la croisait régulièrement aux générales d’opéras ou aux concerts qu’elle suivait avec une passion inaltérable. Tous ceux qui l’on connue n’oublieront pas sa présence chaleureuse, son hospitalité innée et cette manière incomparable de fédérer toutes les énergies pour le seul amour désintéressé de l’Art.

Michel Le Naour

[HOMMAGE] Dominique Darzacq, présidente d’honneur du Syndicat de la critique, s’est éteinte le 8 janvier. Elle allait avoir 89 ans.

On la reconnaissait de loin à sa frêle silhouette. Pas très grande en taille mais forte en gueule, incroyablement pudique, elle a consacré toute sa vie à l’exercice de la critique dramatique dont elle fut, jusqu’à son dernier souffle, une représentante émérite.

Ses premiers articles paraissent dans “Combat”. Indépendante jusqu’au bout de sa plume, elle a écrit pour “Connaissance des arts”, “Le Monde”, “Révolution”, “Le Journal du Théâtre”, “Théâtre Aujourd’hui” et, ces derniers temps, pour “Webtheatre”, un blog théâtral animé entre autres par notre confrère Gilles Costaz...  Chroniqueuse un temps à France Inter, elle avait intégré l’ORTF avant de se faire virer en 68 après les grandes grèves qui avaient paralysé l’audiovisuel public. C’est Yves Mourousi qui lui offre la possibilité de revenir à la télévision où elle animera une émission théâtrale sur TF1. Elle avait aimé travailler avec ce journaliste qui lui ouvrait sans soucis son “JT” de 13h : “il ne me demandait même pas de quoi j’allais parler. Il me faisait confiance, et je parvenais à balancer des sujets de plus de 6mn” me racontait-elle. Pour l’INA, elle a réalisé des documentaires précieux, désormais étudiés à l’université, sous le titre Mémoire du théâtre. Elle a ainsi réalisé le portrait d’Hubert Gignoux, Roger Planchon, René Allio, Jorge Lavelli, Isabelle Sadoyan, Aurélien Recoing, Antoine Bourseiller ou encore Jean-Pierre Vincent. Avec ce dernier, ils ont écrit ensemble Le désordre des vivants. Mes quarante-trois premières années de théâtre en 2002. En 2006, elle publie Mission d’artistes : les centres dramatiques de 1946 à nos jours tandis qu’en 1985, elle avait consacré un ouvrage au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, Du théâtre comme il n’était pas à prévoir mais comme il est à espérer.

Membre très active du Syndicat professionnel de la critique dramatique, c’était une figure qui pouvait impressionner les plus jeunes d’entre nous, une lectrice attentive des uns et des autres. Elle fut un soutien, un pilier, une référence pour beaucoup d’apprentis critiques, une militante sans faille du théâtre et de la critique, curieuse des artistes, des créations. Ses critiques étaient travaillées, chaque mot ayant son importance, cherchant à dégager des horizons.

En juin, sa compagne de toute une vie, Martine Spangaro, disparaissait des suites de “ce maudit crabe” comme elle disait. Martine avait dirigé le théâtre de Sartrouville et, ces dernières années, le théâtre du Petit Louvre, l’un des lieux les plus intéressants du Off d’Avignon. “La vie sans elle n’a plus de saveur” me confiait-elle il y a quelques jours, depuis que “ma moitié solaire n’est plus”. Elles se sont aimées pendant quarante ans, courageusement, joyeusement, face à l’adversité. Leurs vies étaient entièrement dédiées au théâtre. Jusqu’au bout, malgré son cancer dont elle ne parlait jamais, Dominique est restée cette journaliste curieuse du théâtre sous toutes ses coutures sans se préoccuper des modes “qui ne font que passer” comme elle disait.

Marie-José Sirach, Présidente du Syndicat de la critique.

Article paru dans le journal L'Humanité

https://www.humanite.fr/theatre-mort-de-dominique-darzacq-cheville-ouvriere-de-la-critique-698531

© DR

Nous avons l’immense tristesse de vous annoncer le décès de notre très chère consœur et Vice-Présidente d’Honneur du Syndicat Professionnel de la critique Dominique Darzacq, survenu ce vendredi 8 janvier.

Journaliste, critique émérite, Dominique Darzacq a travaillé notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution et à TF1.

Elle a aussi collaboré à diverses revues et publications, notamment, le Journal du Théâtre, Itinéraire et Théâtre Aujourd’hui.

Dominique a également réalisé pour l’INA, « Mémoire du théâtre », une remarquable série d’entretiens-portraits avec les grandes figures : Hubert Gignoux, Roger Planchon, René Allio, Jacques Mauclair, Jean-Pierre Vincent, Jorge Lavelli, etc.

Elle était Officier des Arts et des Lettres.

Sa mort nous plonge dans une immense peine. Elle s’en est allée retrouver sa compagne de toute une vie, Martine Spangaro, qui s’est éteinte il y a quelques mois à peine.

© DR

“J’ai 88 ans, je tiens plus debout, Dieu merci, j’ai cinq ans d’âge mental, ce qui va peut-être nous aider” lançait-il, malicieux, au public de la Comédie-Française il y a un peu plus lors d’un Grand entretien consacré aux acteurs et disponible sur le net https://youtu.be/F1xn4gqDYZE

Silhouette toujours légèrement voûtée, une voix d’une douceur extrême qui devenait inquiétante lorsqu’il incarnait des personnages plus sombres, Michel Robin fait partie de ces acteurs dont on connaît tous, quel que soit notre âge, son visage tant il nous était familier. Il faut dire que depuis le milieu des années soixante jusque il y a peu, il apparaissait bien aussi bien sur le petit et le grand écran qu’au théâtre.
Acteur discret, sensible, il passait d’un médium à l’autre sans hésitation mais avec le même enthousiasme et professionnalisme. Né à Reims en 1930, Michel Robin s’inscrit aux cours Charles Dullin et intègre très vite la troupe de Planchon. Il jouera Molière, Shakespeare, Gogol, Brecht au théâtre de la Cité de Villeurbanne (qui deviendra le TNP). En 1964, il joue dans La vie imaginaire de l’éboueur Augusto G. d’Armand Gatti, mis en scène par Jacques Rosner. Il sera dirigé par Gabriel Garran au théâtre de la Commune d’Aubervilliers; intégrera la troupe Renaud-Barrault et excellera dans le répertoire de Beckett. Il jouera sous la direction de Claude Régy, Roger Blin, Sacha Pitoëff, Pierre Debauche, Guy Rétoré, Lucian Pintille, Marcel Maréchal, Alain Françon, Jean-Pierre Vincent ou tout dernièrement, en 2014, sous celle de Denis Podalydès dans Les méfaits du tabac. Il recevra le Molière du meilleur second rôle en 1990 pour La Traversée de l’hiver de Yasmina Reza.
Entre-temps, il aura rejoint la troupe de la Comédie-Française en 1994 dont il sera le 495ème sociétaire de janvier 1997 à décembre 2010. Il sera un Bourgeois gentilhomme mémorable, piquera des fous rires, dans des souvenirs lointains, dans Le Révizor face à un Roland Bertin joyeusement excessif.
Au cinéma, il passe de William Klein (Qui êtes-vous Polly Magoo ? en 1966) à Rappeneau, Oury, Doillon, Veber, Zulawski, Costa-Gavras, Jeunet, Chabrol, Jacquot ou Resnais. Toujours des seconds rôles, mais toujours remarqué par son jeu, sobre, son visage, son regard, son sourire, cette façon de détacher les mots.
On pourrait dire la même chose pour la télévision tant ses apparitions sont multiples. Du milieu des années soixante jusqu’à 2015, son nom sera au générique de nombreux feuilletons, les uns plus populaires que les autres (Ubu enchaîné d’Averty ; La Porteuse de pain de Marcel Camus ; Ardéchois cœur fidèle de Jean Cosmos; Le Grand inquisiteur de Raoul Sangla ou un Meurtres à, celui de Collioure, où il incarne le personnage d’un vieux Républicain espagnol d’une grande ambiguïté).
Une carrière prolixe, impressionnante, Michel Robin était un acteur d’une très grande discrétion. Il nous quitte sans bruit, victime de ce virus qui, décidément, n’épargne personne.

Marie-José Sirach - L’Humanité / humanite.fr

 

© Christophe Raynaud de Lage

Ancien administrateur de la Comédie-Française, ayant dirigé le TNS, mais aussi le théâtre de Nanterre-Amandiers, Jean-Pierre Vincent nous a quitté dans la nuit de mercredi à jeudi. Âgé de 78 ans, ce proche de Chéreau a succombé aux séquelles du Coronavirus qu’il avait contracté au printemps. 

 

Discret depuis qu’il avait mis en scène, au festival d’Avignon, il y a deux ans, les élèves de l’école du Théâtre national de Strasbourg, dans la trilogie tragique d’Eschyle, l’Orestie, l’homme de théâtre préparait sa prochaine création, Antigone de Sophocle. Jamais à l’arrêt, toujours interrogeant son métier, sa pratique, il cherchait dans les classiques – Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière au Français en 2012 ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais en 1987, doublement couronné des Molières du metteur en scène et du spectacle et du Grand prix de la Critique - comme dans les inédits – notamment avec Capitaine Schelle, Capitaine Eçço de Rezvani, dont l’adaptation lui valut en 1972, le prix du Syndicat de la Critique de la meilleure création en langue française - , à en souligner la richesse textuelle, à les ancrer dans le présent.

 

Une vie consacrée au Théâtre Public

Né en août 1942 à Juvisy-sur-Orge, c’est en 1958 au Lycée Louis-le-Grand, que Jean-Pierre Vincent commence à s’intéresser à ce qui deviendra sa passion, son sacerdoce, son essentiel. Il participe activement à un groupe théâtral, qui compte parmi ses membres les plus imminents, Jérôme Deschamps et Patrice Chéreau. La rencontre est un coup de foudre amical et fondateur. Ensemble, ils s’engagent pour un autre théâtre, plus politique, plus engagé, moins poussiéreux, moins ronronnant. Reprenant le credo de Jean Vilar, ils militent pour que cet art vivant reste populaire, c’est-à-dire destiné à une multiplicité de publics, allant des néophytes aux théâtreux les plus acharnés. Très vite, c’est l’heure de fouler pour la première fois les planches dans Amal et la lettre du roi de Rabindranath Tagore, puis de s’essayer un an plus tard, à sa première mise en scène avec La Cruche cassée de Kleist. Remarqué, proche du réalisateur de la Reine Margot, il co-anime avec lui la troupe qui tend à se professionnaliser, et logiquement le suit à Gennevilliers puis à Sartrouville.

 

La lutte des classes au cœur de son travail 

Défendant, vent debout, le modèle du théâtre public à la française, de plus en plus menacé par des coupes budgétaires, une profusion des productions et des temps d’exploitation réduits à peau de chagrin, il a toujours clamé haut et fort le rôle essentiel de l’art vivant dans la construction de nos démocraties, de nos sociétés. Perclus de dette, Chéreau à 23 ans s’est cassé les dents à Sartrouville, il quitte le combat, un peu désespéré. Toujours en quête de nouvelles expériences, toujours rêvant d’un théâtre populaire, à l’instar de Roger Planchon, Jean-Pierre Vincent continue la lutte mais cette fois accompagné du dramaturge Jean Jourdheuil, qu’il rencontre en 1968. Allant d’un centre dramatique national à l’autre, ils prêchent ensemble la bonne parole et revisitent les œuvres du répertoire de Brecht à Labiche, en passant par Goldoni avec le souci d’y mettre en exergue les implications historiques, politiques, sociales et philosophique des textes. Cette riche collaboration leur vaut une belle reconnaissance publique et critique. En 1975, le metteur en scène est nommé directeur du TNS. Ce sera la fin d’une fructueuse et riche collaboration. Jourdheuil reste réfractaire à toute forme d’institution, à tout enfermement.

 

Un visionnaire

A l’avant-garde d’un théâtre véritablement démocratisé, Jean-Pierre Vincent lance le hors les murs. Vivant, l’art dramatique doit pouvoir se jouer partout. Il ne ménage pas sa peine pour faire du théâtre un lieu ouvert. En 1982, il est investi par François Mitterrand au poste d’administrateur du Français, où il n’aura de cesse de sortir la maison de Molière de sa routine, faisant rentrer au répertoire des auteurs contemporains, des metteurs en scène révolutionnaires pour l’époque Claude Régy ou Georges Lavaudant. Des choix, des prises de positions qui divisent la troupe. Le conservatisme l’emporte. Il claque la porte en 1986, jurant qu’on ne le rependra plus. Avec un certain plaisir il retrouve sa liberté de metteur en scène indépendant. Quatre ans plus tard, Chéreau lui propose de prendre sa suite aux Amandiers à Nanterre. Jean-Pierre Vincent se fait un peu prier, mais accepte. Il restera dix ans à la tête de cette institution, et permettra ainsi à de jeunes comédiens de faire leurs armes et de tracer leur voie vers des sommets. C’est le cas notamment de Denis Podalydès, d’Emmanuelle Béart ou d’Eric Elmosnino.

 

Studio Libre, une nouvelle aventure

En 2001, le metteur en scène vogue vers de nouveaux horizons. Il fonde avec le dramaturge Bernard Chartreux, sa compagnie et continue à jouer l’alternance entre pièces du répertoire et textes contemporains. Remettant sur le métier toujours son ouvrage, à chaque création, il peaufine son art, le rend de plus en plus ciselé, intense. Revisitant En attendant Godot de Beckett en 2015, puis George Dandin de Molière en 2018, avec le souci de les faire résonner avec l’actualité, drame écologique pour l’un, guerre des sexes pour l’autre, il questionne encore et toujours le monde d’aujourd’hui à travers des œuvres intemporelles.

 

Devenu un classique malgré lui, Jean-Pierre Vincent n’avait pas fini de nous étonner, de nous captiver, de nous secouer. Le covid en a décidé autrement, après plusieurs AVC, cette figure tutélaire de l’art dramatique s’en est allé rejoindre au paradis des artistes, son ami Chéreau. Depuis maintenant 7 ans séparés, suite à la mort du réalisateur en octobre 2013, leurs retrouvailles devraient consolées, un monde du théâtre devenu orphelin.

 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore - LŒil d'Olivier

crédit photo © Jean-Louis Fernandez - avec son aimable autorisation

 

 

 

C’est peut-être la première fois qu’une marionnette reçoit un tel prix ! Je suis très heureux.se,  ému.e, fier.e.

Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je suis un pantin de bois, de mousse, de tissus ou, pour être plus précis, je suis le fruit d’une partouze artistique et joyeuse qui engendra une conception partagée (car, comme chacun le sait bien, dans ce métier…) entre Johanny Bert et une équipe précieuse de plasticiens, techniciens, administrateur, costumières, autrices, comédiens, musiciens, Femmes, Hommes ou non binaires sans qui je ne pourrais exister, bouger, chanter. Je veux absolument partager ce prix avec elles, avec eux.

Bon, je ne peux pas remercier mes parents (car ils sont trop nombreux, vous l’aurez compris), mais je tiens à remercier mes muses : Peaches, Annie Cordy, Paul B Préciado (même si il ne m’a pas répondu quand je lui ai écrit), Divine, Klaus Nomi, Michel Fau (avec qui j’aimerais beaucoup travailler) et surtout, surtout, je ne voudrais pas oublier cette passante, cette inconnue qui a osé, en 2013, dire tout haut ce que certains pensaient tout bas, en nous expliquant ce qui était « coooontre natureeeeee ».

Merci d’avoir créé cette catégorie pour moi. C’est chic ! Affirmer son identité, quelle qu’elle soit, est parfois (souvent ?) un combat. Pour ma part, étant une chimère, je ne peux exister que dans une salle de théâtre, dans cet endroit intime où votre imaginaire peut se déployer et où vous me laissez le temps d’exister (merci, d’ailleurs, ça me touche beaucoup). Mais je ne sais pas vraiment si je pourrais vivre aussi librement si j’étais humain. Je dois aussi vous dire que je suis une obsolescence programmée. Oui ! Je vais me ranger dans une caisse dès lors que les discriminations, la violence, le rejet envers des personnes dites hors normes aura disparue.

Alors en attendant je pense être là, vivant.e !

Merci au syndicat de la critique, aux journalistes Femmes, Hommes, non binaires pour vos mots bienveillants qui ont donné encore plus de caractère à ma voix, à mes petites chansons insolentes, à mes identités multiples. Suivez-nous à travers la France durant toute la saison, nous allons jouer avec beaucoup de plaisir devant des publics tous différents.

 

HEN / JUIN 2020
Mention spéciale pour HEN de Johanny Bert

© Christophe Raynaud de Lage

Chers Confrères, chers amis…

Circonstances un peu étranges pour vous remercier. Notre activité d’auteurs pâtissant souvent d’une certaine solitude, une occasion comme le prix de la critique constitue un moment de retrouvailles et de partage. Nous voilà privés de ce moment précieux.
Permettez-moi cependant de vous écrire combien c’est un grand plaisir que vous m’avez fait en m’attribuant ce prix de la critique pour le projet Regardez la Danse !. J’écris bien projet car, et j’en veux encore remercier Michel Guillemot, mon éditeur, ces cinq ouvrages, s’ils constituent chacun une entité, s’entendent aussi dans un ensemble qui, du moins je l’espère, possède sa cohérence. Cinq petits livres que nous avons voulus accessibles, élégants et pas chers, veulent proposer à ces lecteurs que nous connaissons pour être parfois déroutés devant la danse, une manière de boîte à outil du regard.
Ce prix que vous m’attribuez me touche particulièrement parce que vous témoignez ainsi que pour avoir cherché à faire simple, je n’en ai pas moins fait suffisamment solide et sérieux pour vous plaire. Et cela m’importe beaucoup !
Ce projet Regardez la Danse ! doit beaucoup à quelques personnes que vous connaissez mais qu’il est bon de remercier cependant. Donc, que soit remercié Laurent Sebillotte, Yves Mousset -attaché de presse essentiel à la vie de la danse dont les questions m’ont aiguillé- et mon vieux complice Christophe Martin pour ses relectures et conseils.
Enfin, je voudrais rappeler une vieille histoire. Il y a dix-neuf ans disparaissait un magazine où j’ai échafaudé, avec d’autres, quelques-uns des concepts expliqués et développés dans ce Regardez la Danse !. Il s’agissait des Saisons de la Danse. Que ce prix soit aussi celui de cette équipe dispersée sans qu’on s’en souvienne.
Et merci encore à tous !
l

 

Philippe Verrièle, écrivain et journaliste
Meilleur livre sur la danse pour Regardez la danse !

© DR