Partenaires

Sur proposition du Syndeac, l’ensemble des organisations employeurs et salariés de la branche publique du spectacle vivant, ont signé une déclaration commune. A l’occasion de la réunion du Conseil national des professionnels du spectacle (CNPS) qui s’est tenue le 13 mars 2024, nous avons dénoncé avec force les coupes budgétaires sans précédent imposées au ministère de la culture. Nous travaillons à des initiatives communes pour répondre à nos trois revendications.

DÉCLARATION COMMUNE

Paris, 13 mars 2024

Par les coupes budgétaires massives que Bruno Le Maire a annoncées, le Gouvernement porte une attaque sans précédent à l’encontre des services publics au détriment de l’intérêt général. Car ce sont bien eux qui sont les victimes des arbitrages rendus, loin du Parlement pourtant chargé de voter les lois de finances ou leurs corollaires rectificatifs. Le décret du 21 février dernier, “portant annulation de crédits”, publié au journal officiel du 22 février dernier offre une liste édifiante des abandons ainsi décidés sous l’aune d’une austérité budgétaire qu’une politique d’impôts justes et efficaces auraient permis d’empêcher. Les déclarations par voie de presse du 7 mars dernier, du même ministre de l’Economie et des finances, confirment que les coupes de février ne sont qu’une première étape. 

Les organisations de salariés et d’employeurs membres de la branche des entreprises artistiques et culturelles, ont découvert ces annonces avec effroi. En effet, le service public des arts et de la culture que nous représentons ensemble est touché par cette première vague “d’annulation de crédits” d’un niveau de plus de 202 millions d’euros, dont près de 96 millions visent directement le programme de la création artistique. Ce niveau de coupes budgétaires est absolument inédit et menace l’ensemble de l’écosystème déjà largement déstabilisé par les effets de la sortie complexe de la crise sanitaire, et des crises inflationniste et énergétiques plus récentes.  

Concrètement, alors que nous étions en train de travailler à notre négociation annuelle obligatoire des salaires de la branche du spectacle vivant public, cette négociation est momentanément interrompue. Le déficit financier qui est en train de se construire rend l’accord difficile à atteindre assurément car non financé. Pourtant les demandes légitimes des salariés devront obtenir une réponse et donc les hausses de salaires risquent de se faire aux dépens de l’activité artistique elle-même et du volume d’emploi, car pour beaucoup de structures les déséquilibres économiques provoquent des licenciements voire des liquidations d’entreprises. Nous refusons de poursuivre dans cette voie mortifère. 

Concrètement, l’activité artistique est en berne, les équipes artistiques ne peuvent plus produire, les coproducteurs et les diffuseurs voient le disponible pour l’activité artistique fondre comme neige au soleil. Un plan social à bas bruit est en œuvre. Des milliers d’emplois sont directement menacés dans le silence assourdissant des élus de la nation.  Nous ne pouvons pas l’accepter sans rien dire. Nous ne pouvons pas par ailleurs laisser dire que l’affaire est réglée par des astuces budgétaires, car nous sommes solidaires de tout l’écosystème : toute coupe dans le programme 131 impacte directement ou indirectement nos adhérents et adhérentes. Nous resterons solidaires et déterminés à empêcher ces mesures gravissimes.

Concrètement, le plan « mieux produire mieux diffuser » sur lequel tous et toutes avons dénoncé une mise en œuvre chaotique et au-delà une logique de concentration dangereuse pour la diversité artistique, ne pourra pas se déployer dans ce contexte nonobstant le maintien de cette ligne budgétaire. Comment en effet chercher à « mieux » produire ou « mieux » diffuser, quand plus personne ne parvient à produire ni à diffuser dans des conditions décentes ? 

Concrètement, le Pass culture est totalement épargné des efforts de régulation alors même que la masse budgétaire non consommée en 2023 est importante. Nous en contestons tous et toutes le modèle de soutien à la seule demande, et continuons de dénoncer le niveau de financement public qui devrait constituer la première piste de redéploiement dans ce contexte budgétaire. 

L’attaque est tellement forte que notre conviction est de rassembler tous les opérateurs des services publics ainsi mis en cause : car cette politique ne vise pas seulement la culture, elle vise aussi l’éducation nationale, la recherche, la transition écologique dans des proportions totalement invraisemblables, les collectivités territoriales, pour ne citer que les services publics indissociablement liés à la politique culturelle. Mais la santé, le logement, la politique de la ville, les affaires étrangères et tant d’autres encore, sont aussi impactées. 

Bruno Le Maire, premier comptable de ces décisions, répète à l’envie le tabou gouvernemental contre tout nouvel impôt alors que les entreprises du CAC 40 affichent de nouveaux records de profits. 

Pendant ce temps-là, le Premier ministre parasite les négociations des partenaires sociaux sur l’assurance chômage. Le ministre de l’Economie et des finances exprime même son souhait définitif de la fin du paritarisme social, et menace une nouvelle fois de s’en prendre à celles et ceux qui, dans notre pays, se trouvent privés d’emploi. La mise en cause directe du paritarisme est une ligne rouge extrêmement importante pour nos organisations respectives. Nous appelons d’ailleurs à ce que l’accord que nous avons signé le 27 octobre dernier dans le cadre des négociations sur l’assurance chômage, soit repris par le Gouvernement.
Le renoncement social et écologique de ce Gouvernement est hors de proportion. Nous ne l’acceptons plus. 
Tous et toutes, nous allons nous organiser pour que nos compatriotes mesurent les enjeux de ce qui est en train de se passer. Des élections ont lieu d’ici trois mois, c’est une bonne occasion de faire passer des messages. Nos salles de spectacles, de concert, d’opéra, nos pistes de cirque et tous les espaces de diffusion des créations artistiques sont pleines d’électeurs et électrices, nous allons nous adresser à eux. 

Nous portons ensemble trois revendications précises et urgentes : 

  • le renoncement aux coupes budgétaires annoncées sur le programme 131 ; 
  • le refinancement du service public de la culture, des équipes artistiques et lieux indépendants, qui œuvrent pour l’intérêt général et de la préservation des emplois,  par une mobilisation conjointe des partenaires publics;
  • la mobilisation du ministère de la culture en faveur de la sauvegarde du régime de l’intermittence du spectacle.

Les signataires :
LA CGT SPECTACLE – Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle CGT
F3C CFDT – Communication Conseil Culture CFDT
FNAR – Fédération nationale des Arts de la rue
FSICPA – Fédération des structures indépendantes de création et de production artistiques / SYNAVI – Syndicat National des Arts Vivants / SCC – Syndicat des cirques et compagnies de création
LES FORCES MUSICALES – Syndicat professionnel des Opéras, Orchestres et Festivals lyriques
PROFEDIM – Syndicat professionnel des Producteurs, Festivals, Ensembles, Diffuseurs Indépendants de Musique
SFA CGT – Syndicat Français des Artistes-interprètes
SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
SNAM CGT – Union Nationale des Syndicats d’Artistes Musiciens (Enseignants et Interprètes) de France CGT
SNAPAC – CFDT – Syndicat national des Artistes et des Professionnels de l’animation, du Sport et de la Culture
SNMS CGT – Syndicat National des Metteuses et Metteurs en Scène
SNSP – Syndicat National des Scènes publiques
SUD – Culture – Syndicat « Solidaires, Unitaires et Démocratiques » de la Culture
SYNDEAC – Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles
SYNPTAC CGT – Syndicat National des Professionnel·le·s du Théâtre et des Activités Culturelles

Le secteur du spectacle vivant est en crise. Cela fait un an maintenant que le Syndeac demande un refinancement de son écosystème. Les professionnels n’ont pas été entendus dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024. La prétendue hausse du budget de la culture à 7%, n’a jamais concerné le spectacle vivant. A cet état de fait, vient s’ajouter la pire des nouvelles, celle d’une coupe budgétaire de près de 100 millions d’euros, appliquée au programme 131, celui qui concerne la création artistique. Le Gouvernement signe, par cette décision de Bruno Le Maire, la mort en nombre des structures et la disparition de l’originalité artistique et culturelle nationale. 

Le service public de l’art et de la culture est pour la première fois menacé, alors même que la nouvelle ministre de la culture, à peine nommée, s’en était fait la porte-parole lors de la cérémonie de ses vœux.  Le « Printemps de la ruralité” n’aura pas lieu avec 100 millions d’euros de moins ! Le plan « mieux produire mieux diffuser », crédité de 9 millions d’euros, est mort à l’instant de cette suppression de crédits budgétaires. Telles sont les raisons du courrier que nous adressons à la ministre de la culture.

  • Le Syndeac écrit aussi ce jour à tous les député.e.s,  sénateurs et sénatrices membres des commissions culture de l’Assemblée nationale et du Sénat pour que, dès la semaine prochaine, ils et elles interpellent le Gouvernement sur cette décision gravissime.
  • Le Syndeac interpelle enfin le Premier ministre en lui demandant de revenir sur des arbitrages tragiques dont les conséquences directes sur l’emploi seront visibles à court terme. 
  • Cette décision unilatérale gouvernementale, décidée quelques semaines après l’adoption de la loi de finances, avec recours à l’art 49-3 de la Constitution, contourne à nouveau les parlementaires, députés et sénateurs.

Syndeac 

  • 23 février 2024

L’AICT/IATC propose un stage pour jeunes critiques de théâtre qui se tiendra du 20 au 25 mai 2024(arrivée le 20 mai, départ le 25 mai) à Brno en Tchéquie lors du Festival de Théâtre International de Brno.

Vous pouvez d’ores et déjà, le plus rapidement possible, postuler pour l’une des 20 places proposées, 10 pour le groupe de langue française et 10 pour le groupe de langue anglaise.
Pour cela, il vous faut être critique professionnel et être âgé entre 18 et 35 ans.
Tous les candidats sont invités à envoyer leur formulaire de candidature ICI, avec :

  • un bref CV (juste une page !)
  • 2 ou 3 exemples d’articles publiés dans la presse
  • et une lettre de recommandation du responsable de la section de l’AICT/IATC de leur pays (si leur pays a une section nationale de l’AICT/IATC ou fait partie d’une section régionale).

Tous ces documents devront être envoyés dans un seul fichier PDF, si possible.
Faites attention aux faits suivants :

  1. Ce sont les candidats qui doivent envoyer leur candidature et pas les responsables des sections de l’AICT/IATC.
  • Assurez-vous d’avoir une bonne expression verbale dans la langue anglaise ou dans la langue française.
  • Vous devez bien sûr remplir le formulaire de candidature
  • Vous aurez chacun une chambre individuelle.
  • Vos repas sont pris en charge selon des modalités qui vous seront précisées sur place.
  • Vous aurez un laissez-passer vous donnant accès  des spectacles et  rencontres qui se dérouleront durant le Festival.
  • Les organisateurs du festival viendront vous chercher à la gare ou à l’aéroport le 20 mai.

L’AICT/IATC peut, pour les candidats devant effecteur des trajets très longs de leurs pays d’origine à Brno examiner la possibilité de vous offrir éventuellement une aide financière.

Les moniteurs sont, pour le groupe de langue anglaise : Pawit Mahasarinand (Thaïlande), pour le groupe de langue française : Caroline Châtelet (France).

Les candidatures seront acceptées jusqu’au 22 avril 2024, et doivent être envoyées au directeur des stages de formation de l’AICT : Jean-Pierre Han  à l’adresse mail : jp.han@free.fr

Une liste finale avec tous les participants sélectionnés sera annoncée aussitôt que possible, de façon à permettre à chacun de faire ses préparatifs de voyage, et d’obtenir si nécessaire un visa pour la Tchéquie.
Cette invitation pour le stage de jeunes critiques est faite conjointement par l’AICT (et notamment sa section tchèque), ainsi que par PerformCzech/ATI en collaboration le Théâtre national de Brno.
Le stage est soutenu financièrement par le Ministère de la Culture de la République Tchèque, le Ministère de la Récupération Nationale, le plan de relance national, NextGenerationUE

FORMULAIRE-DE-CANDIDATURE-STAGE-AICT-jeunes-critiques-theatre



Le mercredi 7 février à 20h à Micadanses
dans le cadre du festival Faits d'hiver écouter ICI

CONVERSATION CRITIQUE
à l'issue du spectacle 
MR. SLAPSTICK 
de Pedro Pauwels Création
animée par les membres
du collège Danse
du syndicat de la Critique

Le samedi 20 janvier à 19h30 au Théâtre de la Bastille
dans le cadre du festival Faits d'hiver

BORD DE PLATEAU
à l'issue du spectacle 
NE ME TOUCHEZ PAS  
de Laura Bachman 
animé par les membres
du collège Danse
du syndicat de la Critique
et en présence de 
Laura Bachman et Marion Barbeau

L’annonce du départ de Stéphane Braunschweig de la direction de L’Odéon – Théâtre de l’Europe qui ne souhaite pas prolonger son mandat à la tête de cette institution sonne comme un avertissement.

La situation de l’ensemble du théâtre public, théâtres nationaux, opéras, centres dramatiques et chorégraphiques nationaux, scènes nationales, etc. ne cesse de se dégrader au point que la plupart des institutions théâtrales n’ont plus de marge artistique pour investir dans la création, la production, la co-production. Obligation qui figure pourtant dans leur cahier des charges.
La pandémie, puis la guerre en Ukraine ont fragilisé cet écosystème : les théâtres ont dû faire face à l’augmentation constante de coûts incompressibles, comme notamment les coûts liés à l’énergie. Désormais, l’équation économique devant laquelle se retrouvent toutes les directrices et directeurs des institutions ne peuvent se résoudre sans le soutien de l’État.
Car le public est au rendez-vous. À l’Odéon, le taux de fréquentation frôle les 90 %. Sa programmation témoigne d’une grande diversité esthétique et artistique.
Le syndicat professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse s’inquiète vivement de cette situation qui oblige toutes ces maisons à revoir à la baisse leurs ambitions artistiques et baisser le nombre de productions. Nous sommes aux côtés des artistes et des personnels qui, par leur engagement, font vivre la création et continuent d’accueillir le public. Les récentes annonces du ministère de la Culture comme le plan “la Relève” ne répondent pas à l’urgence de la situation.
Les arts vivants doivent rester… vivants.

Le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse
Marie-José Sirach, vice-présidente théâtre
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, président

Co-signé par les membres du comité du Syndicat de la critique : https://associationcritiquetmd.com/lassociation/

COMMUNIQUE-DE-PRESSE-SYNDICAT-DE-LA-CRITIQUE-annonce-du-depart-de-Stephane-Braunschweig-de-la-direction-de-LOdeon-–-Theatre-de-lEurope

Erika Fischer-Lichte recevra la distinction en 2024 lors du congrès mondial de Brno, en République tchèque
L'Association internationale des critiques de théâtre (AICT/IATC) a annoncé aujourd'hui que la professeure Erika Fischer-Lichte, célèbre théoricienne allemande du théâtre et de la représentation, recevra le prix Thalie 2024 lors de son prochain congrès mondial à Brno, en Tchéquie, en mai prochain.

Le prix Thalie est la prestigieuse récompense de l'AICT/IATC pour une contribution exceptionnelle au domaine de la critique théâtrale. Il est décerné à des critiques, des théoriciens et des praticiens qui ont joué un rôle important dans l'élaboration d'une compréhension globale du théâtre couvrant différents contextes culturels, politiques et esthétiques. Le comité Thalie 2024 était composé d'Ivan Medenica, président (Serbie),
d'Irina Gogoberidze (Géorgie) et de Pawit Mahasarinand (Thaïlande). Le comité exécutif de l'AICT/IATC a voté à l'unanimité la remise du prix à la professeure Fischer-Lichte lors d'une réunion qui s'est tenue plus tôt cette année.

Jeffrey Eric Jenkins (États-Unis), président de l'association, a déclaré : « Il est difficile d'imaginer le paysage de la pensée sur le théâtre mondial et la représentation au cours des dernières décennies sans les perspectives brillantes d'Erika Fischer-Lichte. C'est vraiment un plaisir pour nous de rendre hommage à son travail exceptionnel et à ses contributions dans ce domaine. »

Parmi les précédents récipiendaires du prix Thalie, on trouve une liste impressionnante de lauréats : Eric Bentley (États-Unis, 2006), Jean-Pierre Sarrazac (France, 2008), Richard Schechner (États-Unis, 2010), Kapila Vatsyayan (Inde, 2012), Eugenio Barba (Danemark, 2014), Femi Osofisan (Nigéria, 2016), Hans-Thies Lehmann (Allemagne, 2018) et Tadashi Suzuki (Japon, 2020). Aucun prix n'a été décerné en 2022 en raison des protocoles de santé publique en cas de pandémie.

Les nombreux travaux d'Erika Fischer-Lichte portent sur les questions de la théorie de la représentation, l'histoire du théâtre et de la culture européennes, l'esthétique transformative,
les représentations des tragédies grecques anciennes dans le monde entier depuis 1800, le théâtre et l'identité culturelle, l'entrelacement des cultures de la représentation dans le contexte des formes historiques et contemporaines de la mondialisation, et les concepts liés à la représentation dans les langues non-européennes.

Elle a notamment publié The Transformative Power of Performance: A New Aesthetics (2008), The Politics of Interweaving Performance Cultures: Beyond Postcolonialism (2014, avec S. Jain et al.), Tragedy's Endurance. Performances of Greek Tragedies and Cultural Identity in Germany Since 1800 (2017), Entangled Performance Histories. New Approaches to Theater Historiography (2023, avec T. Jost et al.), Performance Cultures as Epistemic Cultures (2023, avec T. Jost et al.).

Née en 1943, Mme Fischer-Lichte a étudié les études théâtrales, les langues et littératures slaves, la philologie allemande, la philosophie, la psychologie et les sciences de l'éducation à la Freie Universität Berlin et à l'université de Hambourg. En 1973, elle a été nommée professeure à l'Institut de langue et de littérature allemandes de l'université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main. En 1986, elle a repris la chaire de littérature générale et comparée à l'université de Bayreuth et, en 1990, elle est devenue directrice de l'Institut d'études théâtrales nouvellement créé à l'université de Mayence. Depuis 1996, elle est professeure à l'Institut d'études théâtrales de la Freie Universität Berlin et, depuis 2008, directrice du Centre de recherche international « Interweaving Performance Cultures ». Elle est membre de l'Académie des sciences et des lettres de Göttingen, de l'Academia Europaea, de l'Académie des sciences et des lettres de Berlin-Brandebourg, de l'Académie nationale des sciences Leopoldina et membre honoraire international de l'Académie américaine des arts et des sciences. Elle a enseigné en tant que professeure invitée au Brésil, à Cuba, en Chine, en Inde, au Japon, en Norvège, au Portugal, en Russie, en Espagne, en Suède et aux États-Unis.

adressée

à Monsieur le Président de la République française,

et

à Madame la Première Ministre,

Monsieur le Président,

Madame la Première Ministre,

C’est avec une profonde stupeur que les artistes et professionnel•le•s de la culture ont pris connaissance de l’injonction envoyée, mercredi 13 septembre 2023, aux structures subventionnées leur ordonnant de suspendre, « sans délai et sans aucune exception », « tous les projets de coopération » menés « avec des institutions ou des ressortissants » du Mali, Niger et du Burkina Faso.

Cette décision a suscité une vague d’incompréhension et de refus. Cet appel à la fermeture se heurtant non seulement à la tradition d’hospitalité de la France, mais  aussi à son engagement reconnu et apprécié en faveur de la culture : vous ne dites rien d’autre Monsieur le Président quand vous déclarez que « la vocation de la France, c’est d’accueillir les artistes, les intellectuels et de pouvoir justement les faire rayonner en toute liberté ».

Et pourtant, en dépit du courriel de clarification du directeur de cabinet de la ministre de la Culture, la double peine que cette décision fait peser sur les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, n’est à cette heure toujours pas écartée. Double peine, parce que ces artistes subissent, d’une part, les injonctions des régimes que vous qualifiez vous-même de putschistes et, d’autre part, la décision française qui ôte le droit fondamental accordé à tout être humain de circuler librement.

Vous évoquez des problèmes « techniques » à l’origine de la non-délivrance de visas pour ces trois pays. Les entreprises culturelles françaises connaissent pourtant déjà depuis des années les difficultés nombreuses et importantes qui existent pour les ressortissants des pays du Sud, lors de l’obtention de ces visas auprès des services consulaires français. Et nous n’ignorons pas que la situation sécuritaire au Niger, au Mali et au Burkina Faso impacte le bon fonctionnement de ces services. Nous tenons à saluer le travail de ces fonctionnaires qui, au-delà de l’image convenue de l’expatrié, ont su développer de véritables attaches dans leur pays provisoire d’accueil. Ils représentent pour leur part aussi, un fil d’humanité entre Nations, et les accompagnateurs de possibles rencontres. Ce fil d’humanité qui devrait, au fond, tous nous unir et qui aujourd’hui devrait être notre seul guide.

Nous ne vous apprenons rien, en disant qu’il existe d’autres moyens « techniques et matériels » d’avoir le visa que de se rendre au consulat de France dans son pays : aller dans un pays limitrophe, solliciter le consulat d’un autre pays Schengen, obtenir le visa à l’arrivée en France. 

Hier comme aujourd’hui, des artistes d’autres parties du monde obtiennent ainsi leur droit d’entrée en France. 

Monsieur le Président, vous affirmez qu’il « n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes », pourtant en refusant toute nouvelle délivrance de visa, c’est exactement ce qui va se produire pour de nombreux artistes du Mali, du Niger et du Burkina. Pire, cela va contribuer à créer des situations absurdes et dramatiques. Pour un même spectacle, les artistes ayant déjà obtenu leurs visas seront là, et les autres se tourneront les pouces de « l’autre côté ». C’est déjà le cas pour certains festivals obligés d’annuler des spectacles, des concerts... Outre le gâchis d’argent public, ce sont d’abord et avant tout des mois de travail, de recherche, de curiosité de part et d’autre des continents qui sont réduits en larmes, colère et poussière. Cela n’est pas de nature à atténuer le sentiment anti-français ou anti-représentations françaises que vous souhaitez, à juste titre, combattre.  

Monsieur le Président, madame la Première Ministre, si l’Histoire nous apprend quelque chose, c'est la puissance, la richesse, la force, la nécessité de la circulation des idées, des savoirs, des arts et des collaborations entre artistes. Précisément au moment où les régimes politiques se retournent, précisément quand la diplomatie échoue, précisément quand la politique internationale semble faillir. 

À l'heure où l'on fête les 50 ans du coup d'État chilien, souvenons-nous du rôle qu'ont joué les artistes chilien•ne•s et français•e•s dans le déploiement d'autres possibles, d'autres langues, d'autres perceptions. Le lien entre artistes est précieux ; il est le lieu fragile et puissant de la rencontre toujours possible par delà les frontières. En maintenant les visas, ce ne sont pas des visas qui seront maintenus, mais des passerelles. En maintenant les visas, ce sont des ponts que vous bâtissez au lieu de murs. En maintenant les visas, vous luttez contre l’aveuglement, l’obscurantisme et bien plus que cela vous empêchez la rupture.

Nous artistes, professionnel•les de la culture, spectateur•rice•s, citoyen•e•s, nous ne pouvons accepter de suivre une politique discriminatoire entre les artistes déjà présent•e•s sur le sol français et celles et ceux déclaré•e•s, on ne sait pour combien de temps, absent•e•s. L’élan de solidarité que la lettre comminatoire du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a eu le mérite de créer, nous voulons le porter haut et fort. 

Au nom de l’exception culturelle française qui inspire largement la politique d'autres pays appartenant à cette Francophonie dont la France se veut l'un des moteurs, et dont les artistes constituent l'un des piliers majeurs, nous demandons la mise en place de mesures exceptionnelles assurant la continuité immédiate et sans délai de la libre circulation des artistes et de toutes les personnes concernées par cette situation.

En solidarité avec nos collègues impacté•e•s par les mesures discriminatoires et injustes, nous affirmons que nous sommes malien•ne•s, nigérien•ne•s, burkinabè, et plus largement citoyen•ne•s d'un monde culturel et artistique sans frontières. 

Monsieur le Président, madame la Première Ministre, nous vous demandons de revenir sur une décision contraire au bon sens, à la morale, aux valeurs d’hospitalité, de solidarité et d’engagement de la France en faveurs des échanges culturels.

Gustave Akakpo, poète, comédien, metteur en en scène, artiste associé au TDB, conseiller artistique de la Fabrique de fictions 

Émile Lansman, cadre culturel francophone et éditeur 

Hassane Kassi Kouyaté, directeur du festival Les Francophonies - Des écritures à la scène 

Jean-Michel Lucas, Laboratoire de Transition vers les Droits Culturels.

Catherine Blondeau, directrice du Grand T, théâtre de Loire-Atlantique à Nantes

Cédric Brossard, directeur artistique de La Fabrique Francophone 

Olivier Py, directeur du Théâtre du Châtelet 

Métie Navajo, autrice, comédienne 

Kevin Keiss, auteur/dramaturge associé au projet de la direction du TDB et maître de conférences associé en théâtre à l’université Bordeaux-Montaigne

Thierry Blanc, coordinateur du Comité de lecture du Quartier des Autrices et Auteurs 

Nathalie Huerta, directrice du Théâtre Joliette, Marseille 

Pascal Paradou, adjoint à la directrice, en charge des magazines chez RFI - Radio France Internationale  

Manuel CESAIRE, directeur de Tropiques Atrium -Scène nationale de Martinique

Muriel Mayette-Holtz, directrice du théâtre national de Nice 

David Bobee, directeur du Théâtre du Nord, Lille 

Carole Thibaut, artiste et directrice du centre dramatique national de Montluçon 

Sylvie Caroff, conseillère municipale déléguée au musée Henri-Martin, au théâtre municipal, à la médiation culturelle et aux centres sociaux à la mairie de Cahors

Pour signer : courriel à adresser à  adjigustaveakakpo@gmail.com

SOUTIEN TOTAL A REBECCA CHAILLON
ET A SA TROUPE

Présentée dans le cadre de la 77e édition du Festival d’Avignon, Carte noire nommée désir, pièce de l’artiste performeuse Rébecca Chaillon, pensée comme un manifeste visuel et réflectif sur la représentation de la femme afrodescendante en occident, ainsi que sur les conséquences de la ségrégation et de la colonisation sur elle, a fait l’objet d’attaques en ligne, mais aussi de violences verbales et physiques lors des représentations et dans les rues de la ville d’Avignon. Toutes ces agressions avaient clairement un caractère raciste.
Le théâtre est un lieu de réflexion, un espace de liberté de création. S’attaquer à une œuvre, à des artistes, c’est s’attaquer à la démocratie.
Face à un tel déferlement de haine, de brutalité, le Syndicat professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse dénonce et condamne ces attaques et apporte tout son soutien à Rébecca Chaillon, à ses actrices - Estelle Borel, Rébecca Chaillon, Aurore Déon, Maëva Husband (en alternance avec Olivia Mabounga), Ophélie Mac, Makeda Monnet, Davide-Christelle Sanvee, Fatou Siby - et à toute son équipe. 

Le Syndicat professionnel de la critique de Théâtre, Musique et Danse

https://festival-avignon.com/fr/edition-2023/programmation/carte-noire-nommee-desir-332085