Discours d’introduction prononcé par la Présidente, Marie-José Sirach, à l’occasion du 61e palmarès des Prix du syndicat de la critique. Chères et chers ami.e.s,Nous nous réjouissons, que l’on soit critique, artiste, technicien, permanent, intermittent, attachée de presse, de nous retrouver pour cette 61ème cérémonie des Prix du syndicat de la critique.Ces prix témoignent de la vitalité de la création et du formidable engagement de mes consoeurs et confrères à veiller à ce que la critique ne se confonde pas avec promotion mais reste cet endroit où la pensée est à l'œuvre, où le doute à droit de cité.La critique, c’est aller plusieurs fois par semaine à la rencontre d'œuvres originales; défendre l’idée qu’au théâtre, à l’opéra, c’est l’humanité qui se donne à voir dans des mises en scène parfois tourmentées, exaltées, provocatrices qui interrogent notre monde. Vous n’êtes pas là pour nous divertir ou nous faire détourner le regard. C’est un face à face que vous nous proposez. Être critique, c’est suivre des pistes, des chemins qui ne filent pas toujours droit et essayer d’en rendre compte en se souvenant du passé, en pensant à l’avenir et en conjuguant le présent. C’est aimer les artistes, les acteurs, les musiciens, les danseurs, les metteurs en scène, les chorégraphes, les poètes, les dramaturges. Les aimer, c’est les suivre, ne pas les oublier. Être critique, c’est aimer les mots, les corps en mouvement, une partition et se laisser emporter par le vertige qu’ils procurent. Être critique, c’est aussi aimer la nuit. Bien souvent, la lumière jaillit de la nuit, ce lieu où tout est encore possible entre nous Artistes, vous nous invitez au voyage et nous, critiques, sommes les chroniqueurs de ces voyages que nous nous efforçons de faire partager. Je pourrais vous dire que nous traversons une période de fortes turbulences. Il y a des trous d’airs dans la démocratie; des trous d’air dans ce qui fait société. Chez Air France, on nous dirait de retourner à nos places et de boucler nos ceintures ! Nous sommes là pour nous souvenir que quand le trou d’air se fait sentir, il faut rester debout et ensemble. Parce que, j’en suis convaincue, le « nous » est toujours plus fort que le « je ». D’aucuns aimeraient cantonner la culture au divertissement. Renoncer à faire partager les œuvres de l’esprit au plus grand nombre, c’est renoncer à ce grand service public de la culture qui est un des piliers de notre démocratie. C’est mépriser les artistes, les spectateurs et les spectateurs en devenir. Nous continuons de cultiver l’exception culturelle, cette exception si chère à Jack Ralite et à toutes celles et tous ceux qui l’ont vaillamment défendu avant nous. En saluant votre travail, votre engagement, ces prix que nous nous allons vous remettre aujourd’hui en témoignent. Le 6 juin 2024 au Théâtre de la Ville-Sarah BernhardtPhoto : Jean Couturier