Depuis 2016 le Syndicat professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse, lance un appel à candidatures pour soutenir le séjour de jeunes critiques professionnels ou en devenir, dans un festival français d’envergure et ce jusqu’à 6 récipiendaires.Cette bourse, dont le montant varie entre 300€ et 500€ euros, selon le nombre de candidatures retenues, a été mise en place pour permettre à nos consœurs et confrères de couvrir, dans de meilleures conditions, l’un des festivals partenaires.
Les manifestations concernées en 2025 sont le festival d’Avignon (Théâtre et Danse) et le festival Berlioz (La Côte Saint-André) (Musique).
Durant leur séjour, les lauréat.e.s seront invité.e.s à participer à la Conversation critique organisée par le Syndicat de la critique : - Festival d’Avignon le 15 juillet à 17h au Café des Idées
À cette aide s’ajoute un accompagnement logistique : le Syndicat professionnel de la critique se charge de la mise en relation et de l’accompagnement avec le festival et le service de presse et proposera, à chaque critique sélectionné, un réfèrent sur place membre du comité du Syndicat, pour des questions pratiques et des échanges d’expériences.
Pour postuler les candidats membres adhérents du syndicat*, doivent envoyer un dossier électronique comprenant :
*Le/la candidat.e doit être membre du syndicat de la critique
Procédure de demande d’adhésion : https://associationcritiquetmd.com/nous-rejoindre/
Les bourses seront attribuées en fonction de la qualité des dossiers. Aucune aide ne sera accordée par défaut, et les éventuelles bourses non attribuées seront de nouveau soumises à un appel l’année suivante, ou exceptionnellement à d’autres manifestions concernées par l’ensemble des trois collèges du Syndicat.
Le syndicat de la critique attend de chacun.e des lauréat.e.s un bilan retour d’expérience et les critiques des spectacles vus durant les festivals afin de les relayer sur notre site internet.
Les témoignages des boursiers des années précédentes VOIR ICI
Pour obtenir, au besoin, des renseignements complémentaires, les candidats peuvent contacter :
Les dossiers doivent être envoyés complets, jusqu’au lundi 2 juin 2025 à 18h, à Marie Jo Lecerf, secrétaire administrative du syndicat de la critique, à l’adresse mail : critiquesyndicat@gmail.com
Photo : Thomas O'Brien
Hommage par Armelle Heliot parue https://lejournaldarmelleheliot.fr/olivier-schmitt-profession-journaliste/
https://www.humanite.fr/en-debat/musique/un-appauvrissement-considerable-du-paysage-de-la-presse-musicale-classique
Tribune-pétition en soutien à l'ASO : https://www.change.org/p/sauvons-l-avant-sc%C3%A8ne-op%C3%A9ra?recruiter=1365327300&recruited_by_id=65f440e0-e9ea-11ef-b818-916c6eb9fe98&utm_source=share-personal&utm_campaign=starter_onboarding_share_flow&utm_medium=copylink
Une Tribune complétée par les 115 témoignages d'artistes (de Warlikowski à Neef, de Marina Viotti à Raphaël Pichon) sur Première Loge : https://www.premiereloge-opera.com/news/2025/02/18/sauvons-lavant-scene-opera/
Nous avons fêté le 61e Palmarès au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt le jeudi 6 juin 2024. Manifestation qui a su, au fil du temps, s’inscrire durablement dans la vie du spectacle vivant.
THÉÂTRE
GRAND PRIX (Meilleur spectacle théâtral de l’année)Le Voyage dans l’Est, de Christine Angot, adaptation et m.e.s de Stanislas Nordey
PRIX GEORGES-LERMINIER (Meilleur spectacle théâtral crée en province)Le Mandat, de Nicolaï Erdman, adaptation et m.e.s de Patrick Pineau (Création aux Célestins – Théâtre de Lyon)
PRIX DE LA MEILLEURE CRÉATION D’UNE PIÈCE EN LANGUE FRANÇAISECavalières, de Sarah Brannens, Karyll Elgrichi, Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon. Conception et m.e.s d’Isabelle Lafon
PRIX DU MEILLEUR SPECTACLE THÉÂTRAL ÉTRANGER (ex aequo)A Noiva e o Boa Noite Cinderela, de Carolina Bianchi (Brésil)
PRIX DU MEILLEUR SPECTACLE THÉÂTRAL ÉTRANGER (ex aequo)Les Émigrants, de W.G. Sebald, adaptation et m.e.s de Krystian Lupa (Suisse et France)
Stéphane Braunschweig, directeur du Théâtre de l'Odéon
PRIX LAURENT-TERZIEFF (Meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé)Guerre, de Louis-Ferdinand Céline, m.e.s de Benoît Lavigne
PRIX DU MEILLEUR COMÉDIENHervé Pierre dans Moman - Pourquoi les méchants sont méchants ?, de Jean-Claude Grumberg, m.e.s de Noémie Pierre, Hervé Pierre et Clotilde Mollet
PRIX DE LA MEILLEURE COMÉDIENNENoémie Gantier dans L’Art de la joie, d’après l’œuvre de Goliarda Sapienza, adaptation et m.e.s d’Ambre Kahan
PRIX JEAN-JACQUES-LERRANT (Révélation théâtrale de l’année)Sébastien Kheroufi pour la m.e.s de Par les villages, de Peter Handke
PRIX DE LA MEILLEUR CRÉATION D’ÉLÉMENTS SCÉNIQUESEmmanuelle Roy pour la scénographie de Neige, de Pauline Bureau
Pauline Bureau
PRIX DU MEILLEUR LIVRE SUR LE THÉÂTREArmand Gatti, théâtre-utopie, d’Olivier Neveux. Ed. Libertalia
PRIX DU MEILLEUR COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE SCÈNEReinhardt Wagner pour la musique de Zazie dans le métro, de Raymond Queneau, m.e.s de Zabou Breitman
MENTION SPÉCIALEUne maison de poupée, d’Henrik Ibsen, m.e.s d’Yngvild Aspeli (Marionnettes)
© Kristin Aafløy Opdan
MUSIQUE
GRAND PRIX DU MEILLEUR SPECTACLE DE L'ANNÉEGuercœur, d’Alberic Magnard, m.e.s de Christof Loy et dir. mus. d’Ingo Metzmacher
PRIX CLAUDE-ROSTAND (Meilleure coproduction lyrique régionale et européenne)Picture a day like this, création de George Benjamin au Festival d’Aix-en-Provence
Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau
PRIX DE LA MEILLEURE SCÉNOGRAPHIERheingold, de Richard Wagner à Bruxelles, m.e.s et scénographie de Romeo Castellucci
Peter De Caluwe, directeur général et artistique de la Monnaie
PRIX DE LA CRÉATION MUSICALE (hors opéra)Le Chant de la terre, de Laurent Cuniot par l'ensemble TM+
PERSONNALITÉ MUSICALE DE L'ANNÉELéa Desandre, mezzo-soprano
© Julien Benhamou
RÉVÉLATION MUSICALE DE L'ANNÉEClaire de Monteil, soprano
MEILLEUR LIVRE DE L'ANNÉEJules Massenet, de Jean-Christophe Branger. Ed. Fayard
MEILLEURE INITIATIVE POUR LA DIFFUSION MUSICALE (répertoires et publics)La Co[opéra]tive pour son travail de diffusion et de mise en avant des jeunes chanteurs.
Ella Berkovich, directrice de production
DANSE
GRAND PRIX - MEILLEUR SPECTACLEBlack Lights, de Mathilde Monnier
MEILLEURE COMPAGNIENederlands Dans Theater I
Emmanuel Demarcy-Mota
MEILLEUR INTERPRÈTE Hugo Layer (CCN-Malandain Ballet Biarritz)
Yves Kordian, directeur délégué du CCN-Malandain Ballet Biarritz
RÉVÉLATION CHORÉGRAPHIQUE Anna Chirescu
MEILLEURE PERFORMANCE Invisibili, d’Aurélien Bory
PERSONNALITÉ CHORÉGRAPHIQUE Noé Soulier, chorégraphe et directeur du CNDC d'Angers
Marion Coléter, directrice-adjointe du CNDC d’Angers
MEILLEUR LIVRESo Schnell - Dominique Bagouet, de Raphaël de Gubernatis(collection Chefs-d’œuvre de la danse, dirigée par Philippe Verrièle), Nouvelles éditions Scala/Micadanses
MEILLEUR FILMResilient Man, de Stéphane Carrel, Flair Production
Le visuel du diplôme a été crée par Léa Jézéquel et David Bobée
Photos des lauréat.e.s © Jean CouturierSauf pour Lea Desandre photographie © Julien BenhamouAurélien Bory photographie © Aglae Bory et Ingvild Aspelli photographie © Kristin Aafløy Opdan
État des lieux de la presse culturelle: la culture du clicFace à la disparition programmée de la presse régionale et nationale de service public, nous, institutions théâtrales genevoises et organisations professionnelles des domaines du théâtre et de la danse, nous mobilisons pour exprimer notre inquiétude et notre consternation vis-à-vis de l’agenda de démantèlement du journalisme culturel. L’accès à la culture est un droit fondamental et l’affaiblissement des relais d’une information indépendante et critique est grave.Le cœur de l’activité de nos institutions consiste à programmer des artistes et construire des ponts entre leurs créations et les publics. Pour soutenir, valoriser et transmettre cette importante mission, il est primordial d’avoir une presse régionale et nationale de service public forte qui connaisse les institutions, ses acteur·ices et le territoire qu’ils·elles occupent. Depuis plusieurs années, nous sommes choqué·esd’assister aux nouvelles politiques de rentabilité qui guident les choix éditoriaux et stratégiques en vigueur dans la majorité des médias régionaux et nationaux.La pensée unique qui régit ce nouvel agenda économique – sous couvert du développement digital des médias et des nouvelles pratiques de l’audience – n’est autre que le démantèlement d’une pensée plurielle et démocratique.Citons des faits:Tamedia ferme deux imprimeries et procède à des licenciements sans précédent.“C’est une journée noire pour la presse suisse», 24 Heures, 27.08.24Suppressions de postes et mesures d’économie à la RTS.“55 équivalents temps plein seront supprimés en 2025 à la RTS”, Le Temps, 12.09.24Plus de 170 personnalités ont publié une tribune qui appelle au maintien d’une presse régionale forte, indépendante, multiple et impliquée.“Des personnalités appellent Tamedia à renoncer aux licenciements”, 24 Heures, 20.09.24Grande restructuration et nouvelle stratégie éditoriale avec fusion des rédactions.“Tamedia se séparera finalement de 17 employés dans ses rédactions”, RTS, 22.10.24L’audiovisuel public est menacé autour de la question de la redevance par une initiative déposée par l’UDC, l’USAM (Union suisse des arts et métiers) et les jeunes PLR intitulée "200 francs ça suffit".“La redevance radio-TV à 200 francs? Ce serait extrêmement brutal!”, Le Temps, 22.10.24Récemment, Le Courrier a lancé un appel à signatures pour la survie de la presse locale et pour éviter “un désert journalistique”. “Inquiet pour l'avenir de la presse, Le Courrier souhaite des mesures”, 11.11.24 L’éditeur renouvelle sa direction en Suisse romande, les rédacteurs en chef de la Tribune de Genève et de 24 heures sont sur le départ. “Tamedia fusionne ses rédactions”, Le Courrier, 14.11.24 La SSR annonce la suppression de 1000 emplois d’ici à 2029. “La SSR confirme qu'elle va devoir supprimer un millier d'emplois d'ici 2029”, RTS, 21.11.24À la rubrique culturelle de la Tribune de Genève, sur 8 journalistes, il n’en reste qu’un. “Katya Berger, ciel de traîne”, Le Courrier, 26.12.24Chez Tamedia, c’est la politique du clic qui décide de tout. Les critiques de spectacles, pourtant si précieuses pour l’écosystème culturel, n’obtiennent pas suffisamment de clics pour être considérées.“Médias: quand le capitalisme prédateur menace la démocratie”, Le Temps, 09.01.25De la nécessité d’une presse culturelleContinuons de clamer haut et fort l’importance d’une presse culturelle critique, professionnelle et spécialisée, à la fois pour les publics, les artistes, les institutions, ainsi que pour la santé de la démocratie. Les médias, les acteurs·ices culturel·les ainsi que les publics forment ensemble un cercle vertueux permettant de concevoir des visions plurielles de la société. Lorsqu’un maillon de cette chaîne manque, c’est tout l’écosystème qui est en péril.Une présence dans les médias est un besoin vital pour diffuser la culture au-delà des frontières du lieu de monstration et pour inscrire les pratiques dans un espace collectif. Le travail des journalistes culturel·les consiste non seulement à couvrir l’actualité artistique mais aussi à construire un discours essentiel au milieu culturel et à la garantie de son accès. Ce travail journalistique représente aussi l’archive d’une époque, un regard sur le monde à un instant T.Si nous ne disposons pas d’un levier économique suffisant qui permette de contrerce mouvement en marche, nous pensons essentiel et urgent de nous rassembler etd’alerter – au nom d’un esprit critique – des dangers qui menacent notre avenird’artistes, de journalistes, de travailleur·euses culturel·les, de (télé)spectateur·ices,d’auteur·ices, de lecteur·ices, et surtout, de citoyen·nes.L’Abri, Théâtre des Amis, Théâtre Am Stram Gram, La Bâtie-Festival de Genève, Théâtre deCarouge, Comédie de Genève, Théâtre du Crève-cœur, Théâtre le douze dix-huit, Théâtredu Galpon, Scènes du Grütli, Théâtre du Loup, Maison Saint-Gervais Genève, Théâtre desMarionnettes, Meyrin Culture, Théâtre de l’Orangerie, Théâtre de la Parfumerie, PavillonADC, POCHE /GVE, Théâtricul, Théâtre de l’Usine, Festival Antigel, Festival Les Créatives,Rencontres professionnelles de Danses Genève (RP Danses), TIGRE faîtière genevoisedes producteur·rice·x·s de théâtre indépendant et professionnel.
Cette lettre est publiée en exclusivité par Le Courrier, n’hésitez pas à la relayer.Aucun théâtre ne répondra personnellement aux questions de la presse.
Pour toute information, veuillez-vous adresser à Géraldine Bally qui rassemblera les demandes. g.bally@saintgervais.ch
L’AICT/IATC propose un stage pour jeunes critiques de théâtre qui se tiendra du 12 au 17 mars 2025 (arrivée le 12 mars, départ le 17 mars) à Bangkok en Thaïlande lors du Bangkok International Performing Arts Meeting (BIPAM) « The Tip of the Iceberg », le tout premier événement AICT/IATC en Asie du Sud-Est.
Vous pouvez d’ores et déjà, le plus rapidement possible, postuler pour l’une des 20 places proposées, 10 pour le groupe de langue française et 10 pour le groupe de langue anglaise. Pour cela, il vous faut être critique professionnel et être âgé entre 18 et 35 ans. Tous les candidats sont invités à envoyer leur formulaire de candidature, avec un bref CV (juste une page !), 1 exemple d’article publiés dans la presse et une lettre de recommandation du responsable de la section de l’AICT/IATC de leur pays (si leur pays a une section nationale de l’AICT/IATC ou fait partie d’une section régionale). Tous ces documents devront être envoyés dans un seul fichier PDF, si possible. Faites attention aux faits suivants :
Vous aurez chacun une chambre individuelle à LiT Hotel Bangkok, avec petit-déjeuner quotidien. Vous recevrez des billets pour toutes les représentations du BIPAM. Les transferts aéroport seront assurés par les hôtes, l'AICT – Centre thaïlandais et le Département des arts dramatiques de l'Université Chulalongkorn.
Les moniteurs sont, pour le groupe de langue anglaise : Hana Strejčková (Tchéquie), pour le groupe de langue française : Sophie Pouliot (Canada).
Les candidatures seront acceptées jusqu’au 19 janvier 2025, et doivent être envoyées au directeur des stages de formation de l’AICT, Jean-Pierre Han : jp.han@free.fr.
Une liste finale avec tous les participants sélectionnés sera annoncée aussitôt que possible, de façon à permettre à chacun de faire ses préparatifs de voyage, et d’obtenir si nécessaire un visa pour la Thaïlande.
FORMULAIRE D'INSCRIPTION ICI ET PLUS D'INFORMATIONS SUR LE SITE DE L'AICT
Un moment de la saison lituanienne en France : le public attendant la représentation lituanienne dans l'un des espaces - le Théâtre des Abbesses - du Théâtre de la Ville à Paris. Photo par Ilma Vyšniauskaitė
Dans le Paris frais et automnal, la saison culturelle lituanienne vient de passer à la seconde moitié. Néanmoins, les théâtres lituaniens, français et étrangers ont organisé au Théâtre de la Ville de Paris le programme théâtral lituanien « Focus Lituanie » (« Attention - Lituanie »), organisé en collaboration avec le Centre d'information du théâtre, après trois semaines extrêmement intensives, au cours desquelles près d'une vingtaine de spectateurs - le spectre des œuvres présentées - de la danse contemporaine, de la littérature, du drag , de la musique électronique et même des œuvres ethnoculturelles - est déjà fermé. Une telle offre à plusieurs niveaux semble probablement tout à fait normale et pas trop surprenante pour un résident fréquent d'une grande ville. Cependant, il y a de quoi être fier : les Français ont été surpris par certaines choses. Claire Verlet, la créatrice du programme, et Brigitte Rémer, secrétaire générale du Syndicat de la Critique, se sont déclarées surprises par la qualité et la prédominance des femmes. Probablement, les éléments susmentionnés ont immédiatement dit aux Français : la Lituanie c'est l' Europe (« La Lituanie est l'Europe »). C'est pourquoi, avec cette déclaration inspirante, je vous invite à plonger dans la discussion qui a eu lieu le 20 octobre avec trois critiques français - Thomas Hahn, Denis Sanglard et Brigitte Rémer. Quel genre de Lituanie ont-ils vu ?
La mémoire est le début et la fin
Commençons par l'énigme. Asphalte mouillé, lumières jaunes clignotantes aux fenêtres, pluie insupportable sifflant comme celle d'une canalisation cassée, Paris, visiteurs marchant depuis/vers les bistrots et les cafés, fumée d'un scooter et cigarette au loin. À quel état tout cela se rapporte-t-il ? Si vous voulez réfléchir, arrêtez-vous, mais si vous avez hâte de vous plonger au plus vite dans le débat français, lisez la suite. La réponse est la nostalgie. Et quel est l’élément essentiel de la nostalgie ? Mémoire. C'est elle qui a été l'épicentre de toute notre conversation qui a duré plus d'une heure : il semblerait que les Français n'y voyaient rien d'autre que la qualité et la puissance féminine. Je généralise peut-être un peu, mais le point est le suivant.
Qu'est-ce que la mémoire et qu'est-ce que c'est ? Pourquoi cet élément particulier est-il apparu au public français comme l’axe de la production présentée par les Lituaniens ? B. Rémer, consultant international en politiques culturelles qui a participé à des missions du Conseil de l'Europe en Bulgarie, Croatie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Ukraine, et qui a écrit des articles critiques sur le théâtre dans les revues Théâtre du blog et Ubiquité culture(s) depuis une décennie, ont identifié quatre types essentiels de mémoire : familiale, collective, sociale et individuelle. Cette séquence a été suggérée par Brigitte elle-même. Pour chacun de ces types, elle a attribué un ou plusieurs travaux correspondants.
Il n'est pas surprenant que la performance "Fossilia" d'Eglė Švedkauskaitė, qui a été la mieux notée par les critiques, soit tombée dans les secteurs de mémoire du premier et du deuxième type. Après tout, ici - « la recherche par les enfants des souvenirs familiaux cachés de la génération précédente, qui se forment à travers un langage comme assemblé à partir de fragments ». Il ne s’agit pas seulement d’une recherche d’histoire, mais aussi d’identité. » L'intervieweur ne tarit pas d'éloges à l'égard du metteur en scène et des acteurs : "Cette représentation est une pièce de théâtre belle, raffinée, efficace et intelligente. Cela permet aux acteurs de mettre en lumière le problème de la mémoire enfouie et de porter avec élégance le poids du passé, tout en gardant un niveau profond et sans victimiser aucun des participants. »
Une scène de la pièce "Fossilia", mise en scène par Eglė Švedkauskaitė (Théâtre dramatique national lituanien, 2023). Photo de Dmitri Matveev
Le troisième type, la mémoire sociale, est indissociable de la prise de position dans la société, en tentant de faire appel aux problématiques écologiques ou du handicap. C'est exactement ce qu'ont fait "Big Bang" du Théâtre de Marionnettes de Klaipėda (réalisé par Zvi Saharas) et "Sventė" de Kamilė Gudmonaitė. Cette dernière performance a été qualifiée de particulièrement sensible et surprenante, se concentrant sur la force vitale elle-même. Eh bien, l'espace de liberté individuelle dans lequel, sous la direction du chorégraphe Rachid Ouramdane, Lora Juodkaitė a représenté son histoire dans le spectacle « Lora ».
Au fond, selon B. Rémer, les quatre types de mémoire évoqués forment une perspective globale du programme, où la mémoire n'est pas statique, mais reflète la réactivité de la pensée des jeunes créateurs : « Elle est liée au processus de création de résistance, lorsque l’histoire est remise en question, en essayant de la comprendre et d’avancer, pas nécessairement pour panser toutes les blessures, mais au moins pour trouver une sorte de réconciliation avec elle. La génération actuelle de créateurs porte encore les cicatrices d'une histoire marquée par de grands traumatismes, mais il existe en même temps un désir de paix, un désir d'examiner le passé sous différents aspects et par différents moyens, cherchant ainsi une voie à suivre.
Mais ce n'est pas seulement B. Rémer qui a accordé autant d'attention au thème de la mémoire - cela a également été souligné par l'acteur, danseur, journaliste, critique du blog "Un fauteuil pour l'orchestre" Denis Sanglard, qui a été surpris par son approche des œuvres de Gabrielės Labanauskaitė, Gailė Griciūtė et Viktorijas Damerell a créé la performance musicale "Sporto grupė". Selon lui, dans ce spectacle, nous entrons dans le territoire de l'absurde, où se cache la créativité sacrée - une provocation discrète mais ingénieuse. Nous sommes donc confrontés au problème du travail forcé, ce qui nous ramène à l’historicité. "Les interprètes semblent être à la fois des fantômes et des ouvriers, nous rappelant les camps de travaux forcés, peut-être même la lointaine Sibérie, semblables à ceux que nous avons vus dans le spectacle Fossilia." Le concept de design apporte des couches d'interprétation - la forme est si ouverte qu'elle nous permet de voir ce que nous voulons - tout ou rien", a déclaré D. Sanglard. Le critique a également noté que ce spectacle contient des critiques de la société occidentale - il commente la superficialité du culte du corps, des médias sociaux et de la pression pour atteindre la perfection, qui est en un sens une autre forme de dictature - l'esclavage volontaire. Le terme « dictature » dans un tel discours acquiert inévitablement le poids de l’historicité.
Un instant de la performance musicale "Groupe sportif" présentée dans l'un des espaces du Théâtre de la Ville de Paris - Théâtre des Abbesses (producteur "Operomanija"). Photo par Ilma Vyšniauskaitė
Après avoir résisté au problème de la perfection, qui accompagne non seulement le thème historique mais aussi corporel, nous avons abordé le spectacle "Vacances". Selon l'interviewé, la notion de « résilience » est bien le fil conducteur qui relie le programme et la performance. Il est vrai que, dans le cas de l'œuvre de Gudmonaitė, il ne suffit pas de parler d'historicité : le réalisateur reflète la lutte moderne contre le handicap, notamment au sein de la famille, où elle est souvent négligée ou mal reconnue. "Les personnes handicapées font preuve d'une force incroyable, d'une résilience qui n'est pas seulement historique, mais aussi profondément sociale et physique. Ils prétendent : « Nous sommes là et nous aussi, nous sommes normaux. » Cette résilience n'est pas seulement la leur, mais fait partie d'une mémoire sociale partagée plus large", a expliqué Dennis. Brigitte est d'accord avec lui, affirmant que ce sont précisément les cas où les conversations publiques incluent et incluent le handicap qu'elle associe elle-même à la mémoire sociale. Alors que les téléspectateurs regardent les histoires de handicap aux côtés de ceux qui parlent de choses qui les ont directement affectés, il devient clair que cela peut faire partie de chacune de nos vies. Une telle perspective favorise la force et la compréhension collectives.
Enfin, B. Rémer définit la programmation du Théâtre lituanien de Paris comme « évoquant l'idée que la mémoire individuelle est systématiquement affectée par le cadre social dans lequel elle s'insère, tandis que la mémoire collective acquiert un sens communautaire plus radical et reflète les souvenirs des groupe lui-même, allant au-delà de la mémoire personnelle de ses membres ».
Une scène de la pièce "Celebration", mise en scène par Kamilė Gudmonaitė (OKT / Théâtre municipal de Vilnius, 2021). Photo de Dmitri Matveev
Le rôle des femmes
Au cours de la discussion, les interlocuteurs ont souligné que l'égalité des sexes sur scène est évidente dans toutes les représentations. Toutefois, cela est plus visible dans les productions théâtrales, où les femmes jouent un rôle principal. Claire Verlet, organisatrice de la programmation du Théâtre de la Ville de Paris, a appuyé cette idée. Par ailleurs, selon B. Rémer, « les femmes remplissent leur rôle de créatrices à part entière. Cela se voit dans des œuvres telles que "Hands up" d'Agnietė Lisičkinaitė, qui est devenue une sorte de manifeste". Cette opinion a été partagée par tous les participants à la discussion.
Après s'être demandé comment les femmes avaient acquis un tel pouvoir en Lituanie, les Français ont décidé que dans de nombreux groupes de la société de notre pays, ce sont probablement les femmes qui occupent des postes de décision - le féminisme prend de plus en plus d'importance en politique, les problèmes liés aux relations et la violence est combattue. Selon Brigitte, en France, ces questions semblent être soulevées de manière superficielle, alors qu'en Lituanie, il s'agit d'une lutte plus enracinée et historiquement formée. La critique évoque ensuite son voyage et son séjour en Pologne : « J’ai vu comment les femmes prenaient les devants. Je pense que cela témoigne de l'héritage soviétique : dans les sociétés d'Europe de l'Est, la position des femmes, tant au travail que dans les relations, semblait forte, peut-être même plus forte qu'en Occident. » Cette dernière déclaration a semblé très controversée et a rappelé que les Français ont encore beaucoup à apprendre sur la Lituanie, son histoire et l'évolution de la société. Il est controversé que, même si nous louons nos grandes compétences théâtrales et notre occidentalisation, ces caractéristiques soient associées à l’héritage soviétique.
Un instant de l'événement de danse "Hands up", auteur et interprète de l'idée Agnietė Lisičkinaitė. Photo issue des archives de la Biennale de Toulouse
Qualité incroyable
"Si nous pouvions voir une telle qualité ici en France chaque jour, ce serait indescriptible", a déclaré B. Rémer, lorsqu'on lui a demandé de souligner les aspects essentiels du programme lituanien. Un détail extrêmement important pour la réussite du répertoire est l’interdisciplinarité. Selon l’interlocuteur, c’est la base de chaque pièce, spectacle et performance présentée, appliquée de manière réfléchie et ponctuelle. "Le texte, le corps, le mouvement et la position des éléments interdisciplinaires contribuent à la structure dramaturgique", en est-elle convaincue. Dans la performance "Fossilia", l'image égale la mémoire, elle ressuscite et révèle l'expérience des camps sibériens sortie de l'oubli, véhiculée à travers des archives visuelles, physiques et audiovisuelles. Dans "Shventė", l'environnement intime crée une intensité qu'aucune intervention technique ne pourrait créer, tandis que "Sporto grupė" s'épanouit dans une atmosphère d'étrangeté - aucune distorsion vidéo n'est nécessaire, car les acteurs-musiciens eux-mêmes forment l'ensemble sonore et visuel de la pièce. . Cette interaction entre la présence et l'absence de technologie a assuré la qualité exceptionnelle non seulement de la représentation susmentionnée, mais aussi de l'ensemble du programme théâtral lituanien.
En développant le thème de la qualité, Denis Sanglard n'est pas non plus resté indifférent. Selon lui, les acteurs lituaniens, surtout lorsqu'il s'agit de "Fossilia", transmettent la complexité d'une manière étonnamment simple, car ils refusent l'ancien style déclamatoire, encore préservé en France. Selon le critique, il y a une ingéniosité unique et un dépassement de toutes les frontières dans le travail des Lituaniens. Il a souligné la capacité des auteurs à inclure divers matériaux accumulés au fil du temps : « Si nous y regardons de plus près, nous verrons comment les archives sont utilisées : elles ne sont pas recouvertes de la poussière de l'histoire, mais présentées d'une manière qui est à nouveau pertinente aujourd'hui - transmis par de jeunes créateurs qui ont besoin de comprendre, de capter les mots et les pensées des autres, un filtre. Leur retenue discrète, mais en même temps leur acuité et leur professionnalisme donnent vie à l'histoire, presque sans que nous nous en rendions compte." Denis a qualifié l'essence du théâtre lituanien de subtilité qui n'attire jamais l'attention. "Tout existe avec retenue, dans une situation intermédiaire - c'est très beau, car cela nécessite un jeu d'acteur raffiné et minimaliste. Ce qui émerge alors est incroyablement ciblé", a-t-il ajouté.
Les panélistes ont convenu qu’ils étaient curieux de connaître les secrets derrière ce qui n’était pas dit. Pour eux, chaque silence prenait de la profondeur, car rien n'était exprimé directement : l'ensemble des œuvres était constitué de fragments, d'ellipses, d'instants de parole presque quotidiens. Selon D. Singlard, les textes parviennent au spectateur à travers l'espace, et son élément essentiel est l'atmosphère, qui est créée à l'aide de la musique et d'autres moyens, avec l'aide de l'interdisciplinarité. A propos de l'occidentalisation du théâtre lituanien, Thomas Hahn, critique du magazine culturel "Transfuge", a appuyé son collègue. Selon lui, les Lituaniens font partie intégrante de la communauté artistique occidentale. Peut-être que les études à l’étranger déterminent que l’expression artistique des créateurs lituaniens est compatible avec celle utilisée en Occident.
Cette compréhension du théâtre lituanien, réduite au thème de la mémoire et à quelques éléments « surprenants », n'est-elle pas une simplification élémentaire, déterminée par l'extase des Français après un séjour dans un environnement exotique ? Nous voulons croire que c'est le début d'une connaissance plus profonde. Le théâtre lituanien est à lui seul solidement implanté sur les grandes scènes de France, et sa qualité est enviée même par les animateurs eux-mêmes. Les réactions des critiques évoquées ici prouvent seulement que la coopération internationale doit être plus active, non seulement pour rendre les artistes lituaniens encore plus visibles, mais aussi pour des raisons politiques, en termes d'image de notre pays à l'étranger.
Ignas Zalieckas 2024-11-09 menufaktura.lt
La publication est financée par le Conseil lituanien de la culture
Suite à la table ronde à laquelle ont participé Brigitte Rémer et Denis Sanglard, critiques et respectivement secrétaire générale et secrétaire général adjoint du syndicat de la critique ainsi que le critique Thomas Hahn. Il est dans les deux langues Lituanien et français : https://menufaktura.lt/uzsienyje/lietuvos-teatras-prancuzu-akimis/
Suite à la table ronde à laquelle ont participé Brigitte Rémer et Denis Sanglard, critiques et respectivement secrétaire générale et secrétaire général adjoint du syndicat de la critique ainsi que le critique Thomas Hahn.
Il est dans les deux langues Lituanien et français : https://menufaktura.lt/uzsienyje/lietuvos-teatras-prancuzu-akimis/
Alors que les lancements de la saison 24/25 se déroulent dans nombre d’établissements de spectacle vivant, il en est un pour lequel le rideau restera baissé : le Domaine d’O, à Montpellier.Par un e-mail datant du 23 septembre, intitulé « annulation de saison », les salarié·es embauché·es régulièrement en CDD d’usage ont été informé·es, par la direction du lieu, que celle-ci a dû faire le choix d’annuler sa programmation artistique jusqu’en décembre 2024. Il est invoqué un « contexte budgétaire tendu » pour justifier une telle décision, qui plonge les équipes dans une grande inquiétude, mais aussi une colère. Le Synptac-CGT leur adresse au passage tout son soutien.Inquiétude, car à l’heure actuelle, il n’y a aucune garantie que la situation financière s’améliore d’ici le mois de janvier 2025, de telle sorte que la programmation pourrait reprendre. Colère, car il est inadmissible que les salarié·es les plus précaires du lieu, à savoir les intermittent·es, servent de variable d’ajustement budgétaire, et il est inconcevable que la direction ait attendu le mois de septembre pour faire de telles annonces, alors qu’elle ne pouvait qu’être au courant de cette fameuse situation budgétaire tendue, qui n’a pas pu apparaître au cœur de l’été et leur sauter au nez à la rentrée !Alors qu’au 1er janvier 2025 l’EPIC du Domaine d’O deviendra l’EPCC Cité Européenne du théâtre et des arts associés, le Synptac-CGT demande que les moyens d’une telle ambition soient donnés à l’établissement, à commencer par les moyens humains. Les salarié·es permanent·es doivent obtenir des garanties immédiates que leurs emplois ne seront pas menacés. Les salarié·es intermittent·es doivent recevoir des garanties solides d’embauche pour la reprise de la saison,pour que les équipes puissent travailler sereinement et remplir les missions de service public qui sont celles d’un EPCC.D’une manière plus large, la situation vécue au Domaine d’O est une nouvelle illustration de l’état dans lequel se trouve le spectacle vivant public. Entre les baisses de subvention et les errements de gestion par certaines directions, de plus en plus de salarié·es se retrouvent dans une situation difficile, avec des salaires qui stagnent et des volumes d’emploi qui diminuent (à commencer par celui des intermittent·es). Des choix politiques forts doivent être pris, à toutes les échelles du pouvoir, pour que le spectacle reste vivant !
Paris, le 26 septembre 2024
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