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[COMMUNIQUÉ DE PRESSE]

OUVERTURES ESSENTIELLES

Les élèves de l’école d’art dramatique du Théâtre National de Strasbourg se mobilisent pour la survie des artistes, des étudiant.e.s et de tous.tes les professionnel.le.s en situation de précarité en association avec l’occupation du Théâtre de l’Odéon à Paris

Suite à une Assemblée Générale le lundi 8 mars 2021,  les 51 élèves en scénographie-costumes, jeu, mise en scène, dramaturgie et régie-création ont décidé à l’unanimité de s’installer 24h sur 24h dans les locaux du Théâtre National de Strasbourg. Cet  acte  de mobilisation a pour objectif d’interpeller les pouvoirs publics sur la gravité de nos situations et d’améliorer les droits des intermittent.e.s touché.e.s par la crise sanitaire.

Les élèves s’associent aux intermittent.e.s qui occupent le Théâtre de l’Odéon à Paris. Nous avons également appelé toutes les écoles nationales supérieures d’art dramatique de France et conservatoires à se joindre à notre mouvement.

Nous demandons :

  • La réouverture des lieux de cultures dans le respect des consignes sanitaires ;
  • Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous.te.s les travailleur.se.s précaires, extras et saisonnier.ère.s entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et des politiques patronales, ainsi qu’une baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo-entrant.e.s ou intermittent.e.s en rupture de droits ;
  • Des mesures d’urgence face à la précarité financière et psychologique des étudiant.e.s ;
  • Un plan d’accompagnement des étudiant.e.s du secteur culturel en cours d’étude et à la sortie pour leur permettre d’accéder à l’emploi ;
  • De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à tous.tes les travailleur.e.s à l’emploi discontinu et auteur.rices aux congés maternité et maladie indemnisés ;
  • Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage ;
  • Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salarié.e.s de la culture ;
  • Des moyens pour garantir les droits sociaux – retraite, formation, médecine du travail, congés payés etc. - dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations. Pour porter ces revendications, nous exigeons, dans les plus brefs délais, une réunion du CNPS (Conseil National des Professions du Spectacle) avec le Premier Ministre ;

A partir de ce jour, mardi 9 mars 2021 à 17h et jusqu'à une réponse concrète de l’État, tous les élèves resteront installé.e.s dans les locaux du Théâtre National de Strasbourg.  Une Assemblée Générale se tiendra chaque jour à 13h sur le parvis du TNS et en Instagram live sur le compte de « ouverture.essentielle » vous pouvez suivre en direct l’actualité du mouvement.

Contact :

Mail :  tns.ouvertures.essentielles@gmail.com

Téléphone : 06 81 71 06 96 / 06 58 78 05 65

Compte Instagram :  «  ouverturessentielle  »

Avec le soutien de : 

Valérie Dréville actrice associée au TNS

Dominique Reymond actrice associée au TNS

Mathilde Delahaye metteuse en scène associée au TNS

Olivier Balazuc acteur et metteur en scène

Eric Lacascade metteur en scène et intervenant au TNS

[COMMUNIQUE DE PRESSE L’ACDN] "...nous tenons à saluer aujourd'hui la mobilisation des occupant.e.s du Théâtre de l'Odéon que nous soutenons pleinement sur l'ensemble de leurs revendications."

CP ACDN_ 070321 ODEON

[Communiqué de presse] Contre l’autorisation du port d’armes dans les établissements culturels, et plus largement dans tous les établissements recevant du public.

COMMUNIQUE DE PRESSE - FRANCE FESTIVALS

[HOMMAGE] Dominique Darzacq, présidente d’honneur du Syndicat de la critique, s’est éteinte le 8 janvier. Elle allait avoir 89 ans.

On la reconnaissait de loin à sa frêle silhouette. Pas très grande en taille mais forte en gueule, incroyablement pudique, elle a consacré toute sa vie à l’exercice de la critique dramatique dont elle fut, jusqu’à son dernier souffle, une représentante émérite.

Ses premiers articles paraissent dans “Combat”. Indépendante jusqu’au bout de sa plume, elle a écrit pour “Connaissance des arts”, “Le Monde”, “Révolution”, “Le Journal du Théâtre”, “Théâtre Aujourd’hui” et, ces derniers temps, pour “Webtheatre”, un blog théâtral animé entre autres par notre confrère Gilles Costaz...  Chroniqueuse un temps à France Inter, elle avait intégré l’ORTF avant de se faire virer en 68 après les grandes grèves qui avaient paralysé l’audiovisuel public. C’est Yves Mourousi qui lui offre la possibilité de revenir à la télévision où elle animera une émission théâtrale sur TF1. Elle avait aimé travailler avec ce journaliste qui lui ouvrait sans soucis son “JT” de 13h : “il ne me demandait même pas de quoi j’allais parler. Il me faisait confiance, et je parvenais à balancer des sujets de plus de 6mn” me racontait-elle. Pour l’INA, elle a réalisé des documentaires précieux, désormais étudiés à l’université, sous le titre Mémoire du théâtre. Elle a ainsi réalisé le portrait d’Hubert Gignoux, Roger Planchon, René Allio, Jorge Lavelli, Isabelle Sadoyan, Aurélien Recoing, Antoine Bourseiller ou encore Jean-Pierre Vincent. Avec ce dernier, ils ont écrit ensemble Le désordre des vivants. Mes quarante-trois premières années de théâtre en 2002. En 2006, elle publie Mission d’artistes : les centres dramatiques de 1946 à nos jours tandis qu’en 1985, elle avait consacré un ouvrage au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, Du théâtre comme il n’était pas à prévoir mais comme il est à espérer.

Membre très active du Syndicat professionnel de la critique dramatique, c’était une figure qui pouvait impressionner les plus jeunes d’entre nous, une lectrice attentive des uns et des autres. Elle fut un soutien, un pilier, une référence pour beaucoup d’apprentis critiques, une militante sans faille du théâtre et de la critique, curieuse des artistes, des créations. Ses critiques étaient travaillées, chaque mot ayant son importance, cherchant à dégager des horizons.

En juin, sa compagne de toute une vie, Martine Spangaro, disparaissait des suites de “ce maudit crabe” comme elle disait. Martine avait dirigé le théâtre de Sartrouville et, ces dernières années, le théâtre du Petit Louvre, l’un des lieux les plus intéressants du Off d’Avignon. “La vie sans elle n’a plus de saveur” me confiait-elle il y a quelques jours, depuis que “ma moitié solaire n’est plus”. Elles se sont aimées pendant quarante ans, courageusement, joyeusement, face à l’adversité. Leurs vies étaient entièrement dédiées au théâtre. Jusqu’au bout, malgré son cancer dont elle ne parlait jamais, Dominique est restée cette journaliste curieuse du théâtre sous toutes ses coutures sans se préoccuper des modes “qui ne font que passer” comme elle disait.

Marie-José Sirach, Présidente du Syndicat de la critique.

Article paru dans le journal L'Humanité

https://www.humanite.fr/theatre-mort-de-dominique-darzacq-cheville-ouvriere-de-la-critique-698531

© DR

Nous avons l’immense tristesse de vous annoncer le décès de notre très chère consœur et Vice-Présidente d’Honneur du Syndicat Professionnel de la critique Dominique Darzacq, survenu ce vendredi 8 janvier.

Journaliste, critique émérite, Dominique Darzacq a travaillé notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution et à TF1.

Elle a aussi collaboré à diverses revues et publications, notamment, le Journal du Théâtre, Itinéraire et Théâtre Aujourd’hui.

Dominique a également réalisé pour l’INA, « Mémoire du théâtre », une remarquable série d’entretiens-portraits avec les grandes figures : Hubert Gignoux, Roger Planchon, René Allio, Jacques Mauclair, Jean-Pierre Vincent, Jorge Lavelli, etc.

Elle était Officier des Arts et des Lettres.

Sa mort nous plonge dans une immense peine. Elle s’en est allée retrouver sa compagne de toute une vie, Martine Spangaro, qui s’est éteinte il y a quelques mois à peine.

© DR

[TRIBUNE] La directrice du Théâtre du Soleil ne comprend pas la lenteur et les atermoiements du gouvernement en matière de vaccination contre le Covid-19. Elle le fait savoir dans cette tribune, qui fédère déjà plusieurs dizaines de signatures, et en attend bien d’autres...

Ministres, n’êtes-vous donc pas prêts ? Et votre chef ? Au bout d’un an de ratages, d’appauvrissement, de pertes, d’humiliations, de souffrances, de morts, vous n’êtes toujours pas prêts ?!
Alors qu’en Allemagne et au Royaume Uni, au Danemark, dans toute l’Europe, les campagnes de vaccinations enregistrent des patients par milliers, en France, la patrie de Pasteur, nous comptons à peine quatre centaines de personnes âgées vaccinées. Et deux ou trois médecins, alors que tous les soignants de France et de Navarre devraient l’être avant tout le monde.

Pourquoi ? Que se passe-t-il ?
À vous écouter les Français seraient trop sceptiques, trop hésitants, bref, trop anti-vaccins.
Avez-vous donc si peur des Français que vous régliez ainsi votre pas sur les plus craintifs ou, plutôt, sur les plus soupçonneux d’entre nos concitoyens échaudés par vos mensonges et qu’aujourd’hui, vous poussez à la crainte par vos bobards obstinés et votre pusillanimité incompréhensible ?
Allez-vous vraiment vous abriter longtemps derrière ceux qui, par votre faute, restent indécis ? Ne voyez-vous pas que votre tiédeur suspecte nourrit les thèses obscurantistes les plus nocives, les plus vénéneuses.
Que ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ne le fassent pas, c’est leur droit, mais en leur nom, allez-vous prétendre empêcher les volontaires de le faire au plus vite alors que, ce faisant, nous protègerions jusqu’aux plus rétifs des anti-vaccins, qui le savent bien d’ailleurs.

Pensez-vous vraiment pouvoir nous rejouer la petite musique de mars contre les masques ? Non ? Alors, faites votre métier, arrêtez de jouer de la flûte. Faites votre devoir. Organisez cette campagne de vaccination comme il se doit pour que nous, artistes de tous ordres, grands et petits restaurateurs, cafetiers, bistrotiers, boutiquiers, étudiants, professeurs, docteurs, infirmières, brancardiers, pompiers, policiers, caissières, athlètes, personnes âgées, nous puissions faire le nôtre et partager à nouveau ce qui s’appelle le bien commun, pour certains en ouvrant leurs théâtres, leurs cinémas, leurs restaurants, leurs boutiques, leurs bars, leurs gymnases, leurs universités, leurs bras. Pour d’autres, en cessant de surveiller nos cabas, nos déplacements, nos verres, nos fêtes, nos places et nos rues et en retrouvant leurs vraies missions de gardiens de la paix.

Ministres français, vous tremblez ? Et votre chef. Alors que, avec une incroyable promptitude, inespérée il y a encore quelques semaines, des savants du monde entier, ont, grâce à leur travail acharné, déposé en vos mains l’arme nécessaire et, bientôt, suffisante, pour vaincre le virus et libérer le pays de cet occupant dévastateur, vous tremblez ?! Alors partez. Démissionnez. Nous avons besoin de gens courageux, compétents, respectueux de leurs concitoyens.

Eh bien, qu’attendez-vous ? Vous voulez des suicides, des émeutes ? Des suicides, il y en a déjà. Quant aux émeutes, elles brûlent dans beaucoup de cœurs. Des cœurs pourtant bien sages d’habitude.

Si vous souhaitez co-signer cette tribune, envoyez votre nom et profession à : colere@theatre-du-soleil.fr

Publié le 02/01/21 (telerama.fr)

https://www.telerama.fr/debats-reportages/ariane-mnouchkine-sur-le-vaccin-ministres-netes-vous-donc-pas-prets-6792434.php

Presque tous les jours, on me demande de signer des pétitions demandant la réouverture des théâtres et des cinémas. Ces demandes sont tout à fait respectables mais elles reposent toujours sur le même mode d’action : la supplication. On demande, on supplie le gouvernement d’être à l’écoute de celles et ceux qui ne peuvent exercer leur activité, on met parfois en avant l’aspect essentiel, vital de la culture. On fait appel au bon sens, à la morale, à la psychologie, aux bons sentiments.
Le constat est pourtant implacable : lors de sa première intervention annonçant le nouveau confinement, Emmanuel Macron n’a pas dit un seul mot sur le secteur culturel pourtant massacré.
Dans un autre domaine, celui des droits sociaux, ce gouvernement fait même pire : il ne cesse d’affirmer que tout le monde sera couvert « quoi qu’il en coûte » alors qu’il laisse de côté des centaines de milliers d’intermittents de l’emploi (extras de l’hôtellerie, restauration, évènementiel, guides conférenciers ..) qui basculent au RSA dans la plus grande pauvreté. A ce sujet cela fait des mois que nous alertons, que nous revendiquons, que certains députés et sénateurs relayent les demandes, en vain. La seule victoire, nous l’avons obtenu au conseil d’état qui vient d’annuler une partie de la convention d’assurance chômage 2019. (Cf ma précédente tribune).
Près de 20 ans d’engagement politique et cette dernière victoire me confortent dans l’affirmation suivante apparemment évidente mais pas souvent appliquée :
Arrêtons  d’être défensifs et optons pour des stratégies offensives.
Le Gouvernement s’apprête à annoncer que les cinémas et théâtres ne rouvriront pas le 15 décembre et il est certain que les pétitions n’inverseront pas sa décision.
La seule solution : attaquer le gouvernement au conseil d’état avec un référé-liberté.
Le référé-liberté est une procédure qui permet de saisir en urgence le juge administratif lorsqu’on estime que l’administration (État, collectivités territoriales, établissements publics) porte atteinte à une liberté fondamentale (liberté d’expression, droit au respect de la vie privée et familiale, droit d’asile, etc.).
Le juge des référés a des pouvoirs étendus : il peut suspendre une décision de l’administration ou lui ordonner de prendre des mesures particulières.
Pour rappel les professionnels de la restauration et des stations de sports d’hiver l’ont fait et leurs demandes n’ont pas été retenues. Seule l’Eglise a gagné et le gouvernement a dû revoir sa copie sur la limitation à 30 personnes lors des cérémonies religieuses : la jauge est calculée en fonction de la superficie, elle n’est plus limitée.
Pourquoi ce référé-liberté devrait être gagnant ?
Parce que les juges administratifs du conseil d’état sont très attachés à la notion d’équité. Et les conditions d’accueil dans une église sont en tous points comparables à celles d’un cinéma ou salle de spectacle. Chacun est assis, masqué, ne bouge pas et tous regardent dans la même direction.
Ironie de l’histoire, Jean Castex lors de la présentation de sa loi sur le séparatisme n’a cessé de vanter la laïcité à la française. Or, dans les faits, les églises sont ouvertes et les théâtres sont fermés !
Nous n’avons que trop tardé.
J’appelle donc les directeurs de cinémas, théâtres et autres lieux de spectacle à déposer de toute urgence un référé-liberté au conseil d’état. Cette démarche est essentielle. Et si le juge nous donne tort, il devra justifier sa décision.
J’ai hâte de savoir en quoi le fait d’assister au récit de la naissance d’un homme nommé Jésus serait sans danger, alors que le récit d’un homme nommé tartuffe serait source de contamination.

Samuel Churin

📷Samuel Churin et Jean Pierre J-P Becker par Dominique Regazzi

La culture et le gouvernement, le mépris

Le verdict est tombé. Sec comme un coup de trique. Pas de culture. Ni à la St-Nicolas, ni à Noël, ni…
Jusqu’à quand le gouvernement pense-t-il pouvoir jouer au yoyo avec le monde de la culture ?
Souffler le froid... et le froid ? Depuis le début de la pandémie en mars, le pays a connu un confinement total, puis un déconfinement partiel avec couvre-feu.
Et désormais un reconfinement pour la culture jusqu’au 7 janvier, au moins…
Les raisons sanitaires, une courbe qui repart à la hausse, justifient-elles de mettre sous clé les théâtres, les cinémas, les cirques, les salles de concert, les musées ? Mais pas les centres commerciaux ?
Tous, artistes, théâtres, salles de spectacles, tous s’étaient préparés à jouer, rejouer, rouvrir le 15 décembre, en appliquant les mesures sanitaires de rigueur: spectateurs espacés et masqués, jauges à la baisse, horaires adaptés…
Les spectacles avaient été reprogrammés, décalés, certains loin dans le temps, d’autres repoussés à 2022.
Le monde de la culture est sous le choc. Il est même en colère.
Toutes les décisions sont prises en vase clos, sans la moindre consultation préalable auprès des organismes représentatifs. Il y a les conséquences économiques, catastrophiques : combien vont rester sur le bord de la route ?
Mais aussi les conséquences humaines, le sentiment que ce gouvernement se fiche des artistes, de la création, des spectateurs, tout juste bon à consommer dans les allées bondées des grandes surfaces.
En annonçant ces nouvelles restrictions, Macron tire sur le pianiste.
Sans sommation.

La Présidente
Marie-José Sirach

“J’ai 88 ans, je tiens plus debout, Dieu merci, j’ai cinq ans d’âge mental, ce qui va peut-être nous aider” lançait-il, malicieux, au public de la Comédie-Française il y a un peu plus lors d’un Grand entretien consacré aux acteurs et disponible sur le net https://youtu.be/F1xn4gqDYZE

Silhouette toujours légèrement voûtée, une voix d’une douceur extrême qui devenait inquiétante lorsqu’il incarnait des personnages plus sombres, Michel Robin fait partie de ces acteurs dont on connaît tous, quel que soit notre âge, son visage tant il nous était familier. Il faut dire que depuis le milieu des années soixante jusque il y a peu, il apparaissait bien aussi bien sur le petit et le grand écran qu’au théâtre.
Acteur discret, sensible, il passait d’un médium à l’autre sans hésitation mais avec le même enthousiasme et professionnalisme. Né à Reims en 1930, Michel Robin s’inscrit aux cours Charles Dullin et intègre très vite la troupe de Planchon. Il jouera Molière, Shakespeare, Gogol, Brecht au théâtre de la Cité de Villeurbanne (qui deviendra le TNP). En 1964, il joue dans La vie imaginaire de l’éboueur Augusto G. d’Armand Gatti, mis en scène par Jacques Rosner. Il sera dirigé par Gabriel Garran au théâtre de la Commune d’Aubervilliers; intégrera la troupe Renaud-Barrault et excellera dans le répertoire de Beckett. Il jouera sous la direction de Claude Régy, Roger Blin, Sacha Pitoëff, Pierre Debauche, Guy Rétoré, Lucian Pintille, Marcel Maréchal, Alain Françon, Jean-Pierre Vincent ou tout dernièrement, en 2014, sous celle de Denis Podalydès dans Les méfaits du tabac. Il recevra le Molière du meilleur second rôle en 1990 pour La Traversée de l’hiver de Yasmina Reza.
Entre-temps, il aura rejoint la troupe de la Comédie-Française en 1994 dont il sera le 495ème sociétaire de janvier 1997 à décembre 2010. Il sera un Bourgeois gentilhomme mémorable, piquera des fous rires, dans des souvenirs lointains, dans Le Révizor face à un Roland Bertin joyeusement excessif.
Au cinéma, il passe de William Klein (Qui êtes-vous Polly Magoo ? en 1966) à Rappeneau, Oury, Doillon, Veber, Zulawski, Costa-Gavras, Jeunet, Chabrol, Jacquot ou Resnais. Toujours des seconds rôles, mais toujours remarqué par son jeu, sobre, son visage, son regard, son sourire, cette façon de détacher les mots.
On pourrait dire la même chose pour la télévision tant ses apparitions sont multiples. Du milieu des années soixante jusqu’à 2015, son nom sera au générique de nombreux feuilletons, les uns plus populaires que les autres (Ubu enchaîné d’Averty ; La Porteuse de pain de Marcel Camus ; Ardéchois cœur fidèle de Jean Cosmos; Le Grand inquisiteur de Raoul Sangla ou un Meurtres à, celui de Collioure, où il incarne le personnage d’un vieux Républicain espagnol d’une grande ambiguïté).
Une carrière prolixe, impressionnante, Michel Robin était un acteur d’une très grande discrétion. Il nous quitte sans bruit, victime de ce virus qui, décidément, n’épargne personne.

Marie-José Sirach - L’Humanité / humanite.fr

 

© Christophe Raynaud de Lage