Mort du spécialiste du théâtre Georges Banu

On lui doit de nombreux essais sur les aspects multiples de cet art, dont il a été, sur un demi-siècle, une grande mémoire.
Georges Banu est mort à Paris le 21 janvier. Les éditions Actes-Sud, où il dirigeait depuis de nombreuses années la collection « Le Temps du théâtre » ont annoncé la nouvelle. Universitaire (la Sorbonne Nouvelle) spécialiste du théâtre, à ce titre auteur de nombreux ouvrages de réflexion, Georges Banu, né à Buzäu en Roumanie le 22 juin 1943, arrivait en France en 1971. Antoine Vitez, dès qu’il fut à Chaillot, lui confia des responsabilités dans le journal de la maison. En 1991, Banu justement, avec Danièle Sallenave, se chargeait de la publication d’une forte anthologie de textes d’Antoine Vitez, le Théâtre des idées (Gallimard).
Codirecteur de la revue Alternatives théâtrales éditée à Bruxelles, Georges Banu a occupé des postes importants dans la critique dramatique à l’échelle internationale. On lui doit maintes études sur son art de prédilection et alentour, dont ce très bel essai sur le théâtre nô japonais, L’acteur qui ne revient pas (Gallimard) et tant d’autres encore, notamment, sur le théâtre à l’italienne, le Rouge et or (Flammarion Rizzoli) et, en trois trilogies, le Rideau, l’Homme de dos, Nocturnes (Adam Biro) puis plus tard, aux Solitaires Intempestifs, il y eut l’Oubli, le Repos, la Nuit. Il a aussi écrit sur Tchekhov, Notre théâtre, la Cerisaie (Actes Sud) et Shakespeare et le monde (Gallimard). Son dernier livre paru, les Objets blessés (Cohen & Cohen) portait sur ce qui, dans le petit théâtre de son domicile, portait les stigmates des blessures du temps. Françoise Nyssen, directrice d’Actes Sud, définit Georges Banu, à raison comme « l’une des grandes mémoires du théâtre ». Il a côtoyé et commenté les figures essentielles de celui de son époque, de Strehler à Ariane Mnouchkine, en passant par Grotowski, Brook et Kantor, sans oublier ceux comme lui nés en Roumanie, Andrei Serban et Lucian Pintilié. Le prix du syndicat de la critique fut décerné à trois reprises à ce fin connaisseur des subtilités de l’art théâtral à la curiosité insatiable et à la plume vive.

Article de Jean-Pierre Léonardini, critique dramatique
publié le dimanche 22 janvier 2023 dans humanite.fr

Philippe Tesson, une plume bien trempée Hommage à Georges Banu